Avec la rentrée 2023 en tête, le gouvernement entend relancer la lutte contre les stéréotypes de genre à l'école, sous l'impulsion du ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye et de la ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes Isabelle Rome.
Avancer avec tact, sans brusquer personne. Le gouvernement souhaite relancer, dès le plus jeune âge, la difficile lutte contre les stéréotypes de genre dans l'éducation, révèle France Inter ce mercredi matin. Si la loi Aubry de 2001, réaffirmée en 2018 par une circulaire de Marlène Schiappa, prévoit trois séances d’éducation à la vie affective et sexuelle par an, de l'école primaire au lycée, l'exécutif estime que le texte n'est pas ou peu appliqué. Il entend donc y remédier, avec prudence, pour ne pas rallumer la hargne qui s'était abattue sur les ABCD de l'égalité en 2013.
Le ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye et la ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes Isabelle Rome se sont rencontré·es, leurs cabinets ont commencé à travailler ensemble sur le sujet et plusieurs réunions ont récemment eu lieu en lien avec Matignon, indique France Inter. L'objectif est de réunir les professeur·es, les parents, les élu·es locau·les et tou·tes les acteur·trices concerné·es soit à la fin du mois de septembre, soit au mois d'octobre. La concertation doit, en effet, être lancée rapidement, pour prendre le temps de discuter du sujet et le mettre en œuvre à la rentrée 2023.
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Le précédent des ABCD de l'égalité
La lutte contre les stéréotypes de genre à l'école est délicate. Entre 2013 et 2014, Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre des Droits des femmes, avait lancé l'expérimentation dans plusieurs centaines de classes des ABCD de l'égalité, afin de lutter contre le sexisme et les stéréotypes de genre. Ces outils pédagogiques avaient rencontré une forte contestation de mouvements politiques et de militant·es de droite et d'extrême-droite, critiquant ce qui s'apparentait selon eux·elles à une diffusion des « théories de genre » à l'école. Malgré un rapport positif de l'Inspection générale de l'Éducation nationale, l'expérimentation avait tourné court, remplacée par une formation initiale et continue des enseignant·es sur l'égalité filles-garçons et la remise d'une mallette pédagogique aux 320 000 enseignants du primaire.
La demande est pourtant là. Le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCE) a récemment appelé à redoubler d'efforts pour intégrer la lutte contre le sexisme à l'école. Dans une note de vigilance, publiée le 31 août, le HCE exhortait le gouvernement à établir « un plan d’urgence de l’égalité à l’école », rappelant que de la primaire au baccalauréat, l’école est le « premier lieu de fixation des rôles sociaux et des stéréotypes de sexe ». Il affirmait alors qu'il était nécessaire que les pouvoirs publics fassent de l’éducation à l’égalité entre les femmes et les hommes « une priorité absolue ».
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