Les récents aveux du cardinal Jean-Pierre Ricard, concernant sa conduite « répréhensible avec une jeune fille de 14 ans » il y a 35 ans ont été provoqués par l'envoi d'une lettre des parents de la victime, en février dernier, au moment où l'homme se voyait confier de nouvelles responsabilités.
L'Église de nouveau dans la tourmente. Lundi, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, a lu depuis Lourdes, lors d'un point presse, le communiqué du cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque émérite de Bordeaux. Dedans, il reconnaissait s'être « conduit de façon répréhensible avec une jeune fille de 14 ans », il y a 35 ans, lorsqu'il était curé. Mardi, France inter a révélé que cette confession du cardinal n'était pas aussi spontanée qu'elle en avait l'air : c'est une lettre des parents de la victime et un appel de cette dernière, aujourd'hui âgée de plus de 50 ans, qui ont permis de faire éclater l'affaire.
Le parquet de Marseille a indiqué dans un communiqué, consulté par France inter, que les parents de la jeune femme ont écrit en février dernier à l'évêque de Nice, lorsque le cardinal Jean-Pierre Ricard s'est vu confier une enquête sur des foyers d'accueil. « À la suite de ce courrier, Monseigneur Ricard aurait reconnu auprès de ce prélat avoir "embrassé" il y a plus de 40 ans la fille de ce couple », indique-t-il.
La radio s'est également entretenue avec Véronique Margron, la présidente de la conférence des religieux et religieuses de France, qui a reçu un appel, également en février, de la victime, aujourd'hui âgée d'une cinquantaine d'années. En apprenant les nouvelles responsabilités de l'homme, elle a eu « un choc énorme » : « Elle m’a raconté qu’elle avait été victime de Jean-Pierre Ricard étant enfant, dans un cadre proche familial, c’était un ami de la famille. C’est crédible et sincère, ce qu’elle me racontait. Le traumatisme qu’elle a vécu est extrêmement fort et a été d’une grande violence. »
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Une enquête préliminaire ouverte
Dans son communiqué, Jean-Pierre Ricard reconnaît que son « comportement a nécessairement causé chez cette personne des conséquences graves et durables », avant d'ajouter : « Je m'en suis expliqué avec elle et lui ai demandé pardon. Je renouvelle ici ma demande de pardon, ainsi qu'à toute sa famille. » Il a également indiqué se mettre à la disposition de « la justice, de la société et de l'Église ».
Une enquête préliminaire a été ouverte pour « agression sexuelle aggravée ». Elle doit permettre de « vérifier dans un premier temps la nature exacte des faits dénoncés ainsi que leur datation et faire entendre l’ensemble des personnes ayant reçu des confidences ainsi que la personne qui en aurait été victime », a indiqué la procureure Dominique Laurens.
Lors de son intervention lundi, Mgr Éric de Moulins-Beaufort a également révélé que onze évêques ou anciens évêques étaient actuellement mis en cause devant la justice civile ou la justice de l'Église pour des signalements de violences sexuelles.