Édito. On a eu chaud. Dimanche soir dernier, les yeux rivés sur le téléviseur, on a attendu de voir apparaître le visage de Macron pour essuyer la goutte qui commençait à perler sur notre front. Cela faisait deux semaines qu’on avait clairement la trouille brune en voyant Macron et Le Pen se tirer la bourre sur toutes les radios et télés de France, tentant de gratter l’amitié tantôt par ci, tantôt par là, en bouffant à tous les râteliers.
Bon gré mal gré, 58,5% des Français·es ont donc voté dimanche et choisi, parfois à contrecœur, de repartir pour un tour avec le président d’un quinquennat marqué par la crise des Gilets Jaunes, puis celle du Covid pour finir en monstruosité avec la guerre en Ukraine. Une victoire qui, si elle tient à un peu plus qu’un fil, ne suffit pas à tisser l’édredon de la fraternité sur lequel le président rentrant aurait pu reposer ses lauriers.
Car, à l’inverse d’il y a cinq ans, Emmanuel Macron ne peut, cette fois, se payer le luxe de l’ « État de grâce » : ces 100 premiers jours suivant l’élection présidentielle durant lesquels l’opinion publique ferait bloc derrière le nouvel élu. Bien qu’il soit tout de même le premier président français à se faire élire pour un second mandat et ce, depuis deux décennies, faire bloc derrière lui n’est semble-il pour l’instant pas inscrit à l’agenda des Français·es. En témoigne le passage aux urnes.
Élu dans un pays en proie aux « doutes et [aux] divisions », selon ses propres mots, Emmanuel Macron devra apprendre à jouer à l’équilibriste pour espérer convaincre les 41,5 % de Français·es qui ont mis le nom de Le Pen dans l’urne, et tous les autres qui ont mis le sien, par sens du devoir plus que par conviction, d’ici les législatives les 12 et 19 juin prochains. Pour cela Emmanuel Macron n’aura pas cent jours de grâce, pas même un.