Douze villes de Seine-Saint-Denis ont mis, ce mardi 2 avril, l’État en demeure d’appliquer un “plan d’urgence” pour l’éducation dans le département, sur fond de mobilisation d’enseignant·es et de parents d’élèves depuis plus d’un mois.
Un nouveau palier vient d’être franchi dans la mobilisation pour réclamer plus de moyens pour l’école en Seine-Saint-Denis. Plus d’un mois après le lancement d’un mouvement de contestation des enseignant·es et des parents d’élèves dans ce département, douze communes socialistes, écologistes et communistes du département du nord-ouest parisien ont pris un arrêté, ce mardi 2 avril, pour mettre en demeure l’État. Dans ce contexte, “plusieurs maires de Seine-Saint-Denis ont mis en demeure l’État français de garantir dans les plus brefs délais l’égalité devant le service public d’éducation”, ont déclaré, dans un communiqué, les édiles de ces douze municipalités de gauche.
Ils et elles demandent à l’État de mettre en place un plan d’urgence pour l’éducation dans le territoire le plus pauvre de France métropolitaine. S’appuyant sur un arrêt du Conseil d’État de 1985 sur le “respect de la dignité de la personne humaine”, les municipalités ont chacune pris un arrêté qui ordonne à l’État de lui payer 500 euros par jour jusqu’à ce qu’il mette “des moyens à la hauteur des besoins éducatifs”. Une mise en demeure qui intervient alors qu’une nouvelle journée de grève et des manifestations auront lieu aujourd’hui pour réclamer l’abandon des groupes de niveaux au collège, mais aussi pour des moyens en faveur de l’école publique.
Concrètement, les élu·es de Romainville, Montreuil, Bobigny, La Courneuve, Bagnolet, Pantin, Le Pré-Saint-Gervais, Les Lilas, Noisy-le-Sec, Sevran, L’Île-Saint-Denis et Stains pointent de nombreuses heures de cours non remplacées faute de profs disponibles, le manque d’accompagnant·es d’élèves en situation de handicap (AESH) et le délabrement de certains de leurs établissements scolaires. Chacun des arrêtés détaille par commune le nombre de postes supplémentaires d’enseignant·es ou d’AESH demandés à l’État, en se fondant sur les chiffres de l’enquête de l’intersyndicale du 93 publiée en décembre dernier. Selon cette enquête, il faudrait recruter au moins 5 000 enseignant·es, 2 200 AESH, 650 assistant·es d’éducation et des centaines d’assistant·es sociaux·ales et infirmier·ères pour pallier les besoins éducatifs dans le département. Vendredi, la ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, a reçu neuf des douze député·es de la Seine-Saint-Denis à leur demande.
“La dignité de la personne humaine n’est pas respectée […] lorsque deux rapports parlementaires, à quelques années d’intervalle, font état de la discrimination territoriale que subit la Seine-Saint-Denis en matière de dotations générales et de moyens alloués à l’éducation”, estiment les maires dans le communiqué. La préfecture de la Seine-Saint-Denis a le choix entre payer l’astreinte de 500 euros par jour à chacune des douze villes ou contester les arrêtés au tribunal administratif. Contactée par l’AFP, celle-ci a indiqué étudier sa réponse.
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