Les plaintes de l’association Innocence en danger et de la Fondation pour l’Enfance visent trois ouvrages de l’auteur de bandes dessinées, qui devait faire l’objet d’une exposition au Festival d’Angoulême en janvier 2023.
![Deux associations portent plainte pour « diffusion d’images pédopornographiques » contre le bédéaste Bastien Vivès et deux de ses éditeurs 1 Bastien Vives BD Angouleme 2013 1](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2022/12/Bastien_Vives_BD_Angouleme_2013_1-719x1024.jpg)
de la bande dessinée d'Angoulême en 2013.
©Myrabella /Wikimedia Commons
La polémique autour de Bastien Vivès pourrait bientôt être tranchée par la justice. Alors que le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême (FIBD) a renoncé la semaine dernière à exposer une rétrospective de son travail en janvier, l’association de protection de l’enfance Innocence en danger a déposé plainte lundi 19 décembre contre le bédéaste de 38 ans et les éditeurs Glénat et Les Requins marteaux.
La plainte vise trois délits : la « diffusion d’images pédopornographiques », l'« incitation à la commission d’agressions sexuelles sur mineurs » et la « diffusion à un mineur de messages violents », a appris franceinfo ce mardi. Une autre association de protection de l'enfance, la Fondation pour l’Enfance, a également porté plainte mardi 20 décembre, indique Libération.
« Banalisation » d’actes pédocriminels
En tout, ce sont trois ouvrages de Vivès qui sont mis en cause par ces deux plaintes : La Décharge mentale, Les Melons de la colère (Requins marteaux) et Petit Paul (Glénat). Dans sa plainte, consultée par franceinfo, Innocence en danger explique viser ces trois BD « dans lesquelles des mineurs sont représentés tant dans le cadre d'activités sexuelles avec des majeurs qu'exhibant leurs parties intimes ». Le personnage principal de Petit Paul, âgé de 10 ans, « se voit violé à plusieurs reprises », détaille l'association. Dans La Décharge mentale, « ce sont des mineures de 15 et 10 ans qui sont représentées comme pratiquant des actes de fellation sur des personnes majeures (…) dans un cadre incestueux clairement établi. » L’association accuse l'auteur de « banalisation d'actes pédocriminels ».
L’association n’est pas la seule à accuser l'auteur de « banalisation d'actes pédocriminels ». L'œuvre et les propos du bédéaste font depuis deux semaines l'objet d'une polémique sur les réseaux sociaux. Des militant·es féministes notamment accusent Bastien Vivès de promouvoir l'inceste et la pédophilie dans ses bandes dessinées. C'est la circulation de deux pétitions demandant l'annulation de l'exposition qui a convaincu le FIBD d'annuler l'exposition. Pour rappel, l'article 227–23 du code pénal condamne « l'image ou la représentation d'un mineur lorsque cette image ou cette représentation présente un caractère pornographique » de « cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende ». De son côté, Bastien Vivès plaide la « caricature » et le caractère « irréaliste » de ses dessins pour se défendre des accusations de pédopornographie.
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Le lendemain de l’annonce de l'annulation de son exposition, jeudi 15 décembre, l'auteur a présenté ses excuses dans un message sur Instagram pour ses propos les plus virulents, tout en contestant toute « complaisance » envers la pédocriminalité.
« Une représentation ou une image d'un mineur en situation pornographique est punie par la loi. Il m'apparaît qu'un certain nombre de dessins [de Bastien Vivès] relèvent de la loi », avait de son côté déclaré Charlotte Caubel, la secrétaire d'État chargée de l'Enfance, le même jour, sur franceinfo. « C'est à la justice de se prononcer pour qualifier les faits », avait-elle estimé.
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