Dans la soirée de mercredi, les sénateur·rices ont adopté un amendement du sénateur Les Républicains Philippe Bas à la proposition de loi sur l'intégration du droit à l'avortement dans la Constitution : plus de « droit » mais une simple « liberté » accordée aux femmes.
166 voix pour, 152 contre. Dans la soirée du 1er février, les sénateur·rices ont adopté une proposition de loi modifiant la Constitution pour y inscrire que « la loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté de la femme de mettre fin à sa grossesse ». Une formulation différente du texte voté fin novembre à une large majorité à l'Assemblée nationale, inscrivant un « droit à l'IVG », tel que défendu par les associations féministes.
C'est le sénateur Les Républicains Philippe Bas, ancien proche collaborateur de Simone Veil, qui a rédigé l'amendement voté par le Sénat. Pour justifier de ce changement de termes, Philippe Bas a expliqué lors de l'examen du texte en commission qu'il était « mal rédigé », excluant « totalement » son adoption en l'état. En octobre, le Sénat avait en effet rejeté une proposition de loi pour l'inscription de l'IVG dans la Constitution formulée par la sénatrice Europe Ecologie les Verts Mélanie Vogel.
Trouver un compromis
Pour trouver un compromis, le texte qu'il a soumis consacre d'une part, plutôt qu'un « droit », une « liberté déjà reconnue par la décision du Conseil constitutionnel du 27 juin 2001, qui lui a donné valeur constitutionnelle, avait-il argué. Il n’y a pas de droit absolu, il y a une liberté déjà reconnue et que nous pouvons écrire dans la Constitution. » De quoi contenter la frange la plus conservatrice de son groupe politique.
D'autre part, le Sénat a réintroduit avec ce vote la notion de « femmes », qui n'apparaissait pas dans le texte porté par la présidente du groupe La France insoumise à l'Assemblée Mathilde Panot : « La loi garantit l’effectivité et l’égal accès au droit à l’interruption volontaire de grossesse. » Cette formulation permettait d'inclure les hommes trans, dont certains peuvent encore connaitre une grossesse non désirée, dans la garantie constitutionnelle d'accès à l'IVG.
Navette parlementaire
Alors que lors de la séance d'examen avant le vote, l'extrême droite a rappelé sa ferme opposition à l'inscription de la garantie d'IVG dans la Constitution et qu'une partie de la droite a questionné sa nécessité, le gouvernement s'est, lui, montré satisfait. Pour le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, ce vote marque « un pas vers le compromis » entre les deux chambres. Les député·es doivent désormais valider la formulation du Sénat pour que le texte soit soumis à référendum. Pour éviter ce long parcours, certain·es parlementaires pressent le gouvernement de rédiger un projet de loi, qui ne nécessiterait pas de validation par les urnes.