La Moudawana, le code de la famille marocain, n’a pas été réformée depuis vingt ans. Les associations féministes du pays espèrent voir se dégager des avancées réelles grâce à cette nouvelle révision.
La réforme de la Moudawana de 2004 avait propulsé l’égalité femmes-hommes au premier plan du début du règne du souverain Mohammed VI, actuel roi du Maroc. Vingt ans plus tard, les féministes continuent à pointer du doigt les lacunes de cette réforme qui – bien qu’elle ait libéré les femmes marocaines de leur tutelle masculine – n’est pas parvenue à se défaire du statu quo, selon l’analyse du journal Le Monde. “Il m’avait toujours semblé que réviser ce code, présenté comme sacré, était un rêve impossible à réaliser. Certains nous traitaient de mécréantes. C’était une avancée majeure, nous étions euphoriques. Même si sur certaines revendications, la réforme n’allait pas assez loin”, explique au quotidien Nouzha Skalli, militante féministe et femme politique marocaine.
Beaucoup d’espoirs reposent dès lors sur cette nouvelle révision de la Moudawana commandée au gouvernement par le roi Mohammed VI le 26 septembre dernier. Ses ministres ont désormais six mois pour proposer des amendements à un code de la famille tiraillé entre les franges les plus conservatrices du pays et les associations féministes déterminées à faire de cette réforme un moment décisif pour la défense des droits des femmes au Maroc. Parmi les enjeux cristallisés par cette révision du code de la famille, on retrouve par exemple l’égalité dans l’héritage (une femme reçoit actuellement moitié moins qu’un homme) et l’égalité des droits parentaux (la tutelle légale revient encore automatiquement au père). Cette nouvelle réforme devra, comme la précédente, respecter les limites des textes coraniques formels. Or, comme le rappelle, Nouzha Skilla dans Le Monde, “les dispositions les plus discriminatoires, qui pouvaient trouver leur légitimité dans une société patriarcale des premiers siècles de l’islam, ne figurent pas dans le Coran”. Galvanisé·es par cette nouvelle révision, les défenseur·euses des droits des femmes espèrent y voir reflétée l’évolution de la société marocaine.
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