Depuis plusieurs semaines, les États-Unis connaissent une grave pénurie de lait pour bébé. En cause, la fermeture d’une usine spécialisée et le ralentissement de l’industrie dû au Covid-19. Une situation inédite qui provoque déjà des gros dégâts : plusieurs bébés ont été reçus dans des hôpitaux du pays pour des carences nutritionnelles.
Des rayons de supermarchés vides, des reventes de particulier à particulier à des prix indécents, les inquiétudes des parents… Une pénurie inédite de lait infantile frappe les Etats-Unis de plein fouet depuis plusieurs semaines. Et les conséquences sont graves : quatre nourrissons ont déjà été hospitalisés en Caroline du Sud à cause de carences directement liées au manque de lait, ainsi qu'à Atlanta, à Memphis ou dans le Tenessee, comme le rapporte le média local The State. Depuis, les médecins ne cessent de tirer la sonnette d’alarme auprès des autorités.
À l’origine de la pénurie, le manque de main‑d'œuvre et les ralentissements de l’approvisionnement dus au Covid-19. Comme l’explique Le Monde, la situation a été aussi aggravée par la fermeture d’une usine dans le Michigan du fabricant de lait Abbott, en février dernier, suite aux soupçons autour des décès de deux nourrissons, qui auraient été causés par des produits de la marque.
Lait infantile : vital pour les nouveaux-nés
Après l'hospitalisation de plusieurs nourrissons, la porte-parole de la Medical University of South Carolina, Heather Woolwine, a assuré que « les diététiciens pédiatriques travaillent avec les médecins spécialisés pour trouver du lait maternisé ou une alimentation qui pourra fonctionner, suivant les besoins de chaque enfant. » Mais la solution n’est pas viable. Parmi les tout-petits, certains ne tolèrent parfois qu’une seule marque de lait, pour cause d’allergie par exemple. Avec la pénurie, le choix est donc devenu plus que restreint.
Conséquence : certain·es tentent par tous les moyens d’obtenir leur lait en poudre. Les familles qui peuvent se le permettre rachètent le produit à des prix exorbitants en ligne. Celles et ceux qui n’ont pas ce luxe tentent parfois de créer leur propre lait infantile. Face à ces recettes maisons qui circulent sur les réseaux sociaux, les médecins appellent à la plus grande des vigilances et tentent également d’alerter les familles, puisque les laits en poudre sont conçus d'une façon particulière pour être digérés par les bébés. « Même si les bébés reçoivent certaines calories avec ces recettes, elles n’incluent pas tous les nutriments nécessaires à la bonne santé des bébés », souligne le docteur Matthew Denenberg au Detroit Free Press.
Aux États-Unis, utiliser le lait infantile pour les nourrissons est une norme : il n’existe pas de congé maternité payé comme en France, ce qui contraint les mères, souvent les plus démunies, à retourner travailler très rapidement après l’accouchement. Plutôt que l’allaitement, les familles n’ont donc pas d’autres choix que de se procurer du lait industriel. Dans le pays, six mois après leur naissance, 75% des nourrissons sont nourris totalement ou partiellement avec du lait infantile, selon les données de l’agence sanitaire publique.
Un pont aérien depuis l’Europe
Face à la pénurie, Joe Biden avait promis la mise en place d’un pont aérien pour réapprovisionner le pays. C'est chose faite : dimanche 22 mai, 31 tonnes de boîtes de lait en poudre Nestlé, empaquetées sur 132 palettes, ont été acheminées par fret aérien jusqu’en Indiana, depuis l’Allemagne.
Pour s’emparer du problème, Abbott a garanti avoir « pris des mesures sérieuses », en reconvertissant l'une de ses usines de l’Ohio pour la production du lait. Le PDG de l’entreprise a également assuré que « d’ici à la fin juin, nous fournirons plus de lait maternisé aux Américains qu’en janvier » après s’être excusé auprès de ses concitoyen·nes dans les colonnes du Washington Post le 21 mai pour la crise en cours. Il s’est engagé à ce que « cela ne se reproduise plus jamais » grâce à des « investissements importants ».
Le bout du tunnel n’est pas loin, puisqu’un accord entre Abbott et la justice américaine a été établi. Même s’il doit encore être validé par la justice, l’usine du Michigan pourrait rouvrir ses portes d’ici deux semaines.