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Marina Ovsyannikova à la sortie du tribunal, le 16 mars. ©Capture d'écran Facebook

La jour­na­liste russe Marina Ovsyannikova assume son geste et veut res­ter en Russie

Elle avait brandi une pancarte dénonçant la guerre en Ukraine et la propagande des médias contrôlés par le Kremlin, en direct lundi pendant le journal télévisé sur Perviy Kanal.« Je ne retirerai pas un seul mot. Ce sont mes opinions », a-t-elle déclaré au Guardian ce 16 mars.

Marina Ovsyannikova « ne veut pas quitter » la Russie. La journaliste russe, devenue en l’espace de six secondes le symbole des opposant·es russes à l’offensive en Ukraine, a refusé l’offre d’asile d’Emmanuel Macron. Ce dernier s’était dit prêt mardi à lui offrir « une protection consulaire », soit à l’ambassade, soit en lui accordant l’asile. « Je suis patriote, mon fils l’est encore plus. Nous ne voulons en aucun cas partir, nous ne voulons aller nulle part », a-t-elle déclaré mercredi dans une interview au magazine allemand Der Spiegel.

Lundi 14 mars au soir, cette journaliste de 44 ans avait interrompu le journal télévisé de la principale chaîne de télévision nationale de Russie, Perviy Kanal, en brandissant en direct une pancarte contre la guerre en Ukraine. Cette mère de deux enfants, née à Odessa en Ukraine d’un père ukrainien et d’une mère russe, avait également accusé les médias russes d’être des outils de propagande du Kremlin dans une vidéo enregistrée préalablement. « Malheureusement, j’ai travaillé pour Pervy Kanal, faisant de la propagande pour le Kremlin. J’en ai très honte aujourd’hui », avait-t-elle affirmé.

Lire aussi I « Ne croyez pas la propagande » : le geste héroïque de Marina Ovsyannikova en plein journal télévisé russe

Pour avoir dénoncé l’offensive en Ukraine et les mensonges officiels, Marina Ovsyannikova a été immédiatement arrêtée et condamnée dans la foulée à une amende de 30 000 roubles (soit 243 euros) pour la vidéo enregistrée. « J'ai passé 48 heures sans dormir, plus de 14 heures d'interrogatoire. On ne m'a pas donné la possibilité de contacter mes proches, on ne m'a pas proposé, pendant tout ce temps, d'assistance juridique donc j'étais dans une situation assez difficile », a confié la quadragénaire mardi face à la presse à la sortie du tribunal moscovite.

Si elle est ressortie libre du tribunal, Marina Ovsyannikova risque toujours des poursuites pénales passibles de quinze ans d’emprisonnement, aux termes d’une récente loi réprimant toute « fausse information » sur l’armée russe – en somme dès que le mot « guerre » est prononcé. Officiellement, l'invasion en Ukraine est présentée et justifiée comme une opération spéciale de libération et de « dénazification ».

Aucun regret

Pour autant, malgré les risques qu’elle encourt désormais, Marina Ovsyannikova ne regrette « pas du tout » ce qu’elle a fait. « Je ne retirerai pas un seul mot. Ce sont mes opinions », a-t-elle affirmé au Guardian mercredi. « Je crois en ce que j’ai fait, mais je comprends maintenant l’ampleur des problèmes auxquels je vais devoir faire face et, bien sûr, je suis extrêmement inquiète pour ma sécurité », a-t-elle poursuivi, ajoutant que cette action visait à envoyer un message direct au peuple russe. « Ne soyez pas de tels zombies, n’écoutez pas cette propagande. Apprenez à analyser les informations, apprenez à trouver d’autres sources d’information, pas seulement la télévision d’État russe. »

La journaliste russe a déclaré au journal britannique que sa colère contre le gouvernement russe s’était renforcée ces dernières années. « Ils ont commencé à interdire les médias indépendants, puis ils ont empoisonné [le chef de l’opposition Alexeï] Navalny. Ma colère n’a cessé de grandir. Le pays n’allait pas dans la bonne direction. La guerre était la dernière goutte et j’ai décidé d’agir. »

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