Jill Fisher, chercheuse en médecine sociale à l’université de Caroline du Nord, aux États-Unis, s’est immergée pendant trois ans dans le monde opaque et dérangeant des cobayes humains. Ces Américain·es qui testent, à haute dose, les médicaments avant qu’ils n’arrivent sur le marché.

Causette : Strictement encadrées en Europe, ces pratiques sont dérégulées aux États-Unis. Qui sont ces « loueurs de corps » et quelles sont leurs motivations ?
Jill Fisher : Pour l’étude, nous avons suivi avec mon équipe 180 volontaires américains, en bonne santé et de tout âge, à qui nous avons garanti un anonymat total. L’industrie pharmaceutique dépend d’individus comme eux pour tester les médicaments expérimentaux. La plupart d’entre eux étaient issus des minorités noires (40 % des participants) et hispaniques (21 %) du pays. La moitié des personnes que nous avons suivies n’avaient pas étudié au-delà du baccalauréat. Le point commun des volontaires est la précarité et leur unique motivation, l’argent. Les personnes[…]