people standing beside building
© Colton Jones

IVG : le Japon auto­rise l’accès à la pilule abortive

Vendredi dernier, le ministère de la Santé japonais a donné son accord pour rendre disponible l’accès à la pilule abortive dans le pays. Jusqu'ici, seuls les avortements chirurgicaux étaient autorisés.

Grande avancée pour les droits des femmes au Japon. Ce vendredi 28 avril, le ministère de la Santé a donné son accord pour que la pilule abortive soit autorisée dans tout le pays. L'interruption volontaire de grossesse (IVG) est légale au Japon depuis 1948, jusqu'à 22 semaines, mais uniquement par intervention chirurgicale. L’accord du conjoint, déjà obligatoire pour réaliser une IVG chirurgicale, continuera de le demeurer pour la prise d'une pilule abortive, précise Le Monde.

C’est la pilule MeFeego du laboratoire britannique Linepharma qui a été approuvée. En décembre 2021, le laboratoire avait déposé une demande d'autorisation de mise sur le marché au Japon. Ce traitement combine deux médicaments : la mifepristone (RU 486) qui permet de stopper le développement de la grossesse et le misoprostol, pris entre un et deux jours plus tard, qui déclenche les contractions et saignements. Ces pilules doivent être prises dans les soixante-trois jours qui suivent le début de la grossesse. Les essais cliniques ont montré une efficacité à 93,3 % de cette méthode. Les effets secondaires, saignements, douleurs abdominales et vomissements resteraient, eux, modérés, selon Le Figaro.

Le Japon est le 66e pays au monde à autoriser les pilules abortives. Le premier fut la France, en 1988. Douze ans plus tard, ce fut au tour des États-Unis d'autoriser cette méthode contraceptive. Depuis plusieurs semaines, la mifepristone fait l'objet d'une bataille judiciaire aux États-Unis après qu'un juge texan ait interdit son utilisation. Mais la Cour suprême a décidé le 21 avril de maintenir pour l'instant l'accès à la pilule abortive. Son approbation au Japon, pour mettre fin à une grossesse jusqu'à neuf semaines, fait suite à l'avis d'un comité ministériel après de longues discussions.

De fortes restrictions

Le problème de la nouvelle législation est que l’accès à ces pilules reste très contraint. Comme pour les avortements chirurgicaux, elles ne pourront être prescrites que par des médecins accrédité·es par les autorités médicales de chacun des quarante-sept départements, détaille Le Monde. Leur utilisation ne pourra se faire qu’en hôpital ou en clinique et la patiente restera hospitalisée jusqu’à ce que l’avortement soit confirmé. Le décompte des pilules utilisées devra faire l’objet d’un rapport régulier aux autorités médicales, précise le quotidien.

Comme pour les IVG chirurgicales, les pilules ne seront pas remboursées par la sécurité sociale japonaise. « Le prix du médicament, combiné aux frais de consultation et d’hospitalisation, devrait porter le coût de l’avortement à plus de 100 000 yens (670 euros) », reconnaît l’association japonaise des obstétriciens et des gynécologues (JSOG), d'après Le Monde. Les interventions chirurgicales coûtent entre 100 000 et 200 000 yens (entre 670 et 1 340 euros). Or, dans les pays où elles sont accessibles, les pilules abortives sont proposées au prix moyen de 740 yens (4,95 euros) et elles peuvent être prescrites par une simple consultation en ligne, indique le quotidien.

« La crainte est que les patientes ne soient pas en mesure d’accéder à ce nouveau traitement », regrette Sakiko Enmi, gynécologue obstétricienne qui militait pour l’autorisation des pilules abortives, rapporte Le Monde. Cela vaut notamment pour les adolescentes ou les jeunes femmes subissant une grossesse non désirée.

Un conservatisme ambiant 

La mise en place d’un cadre strict et d’une tarification prohibitive relève d'un conservatisme ambiant qui continue d’alimenter une stigmatisation des femmes choisissant d’avorter et de vouloir limiter la mise en place d’une véritable éducation aux questions de contraception. Une enquête onusienne de 2019, rapportée par Le Monde, révélait qu’à peine 2,9 % des Japonaises utilisaient une pilule contraceptive, autorisée dans l’Archipel seulement depuis 1999, contre 33,1 % en France et 13,7 % aux Etats-Unis.

Par ailleurs, d'après le Journal du Dimanche, des militant·es japonais·es plaident également pour un accès facilité à la pilule du lendemain, permettant d’empêcher la grossesse si celle-ci est prise dans les douze heures après un rapport non ou mal protégé. La pilule du lendemain n’est accessible que depuis 2011 et à l’heure actuelle, elle ne peut être achetée qu’avec l’accord d’un médecin, n’est pas remboursée par l’Assurance maladie et doit être ingérée devant un pharmacien afin d’éviter des trafics sur le marché noir, précise le journal.

À lire aussi I Santé : pénuries de pilules abortives en France, le droit à l'IVG menacé

Partager
Articles liés

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.