Dans la Rome de la Renaissance, un gang d’empoisonneuses sévit en vendant un liquide mortel dont le nom est passé à la postérité : l’aqua-tofana. Une mixture utilisée pour tuer les maris indésirables.

Juin 1657. Francesco Cesi, duc italien influent et distingué, âgé d’une quarantaine d’années, tombe malade. Deux jours plus tard, il meurt, sans explication particulière. Rapidement, les soupçons se tournent vers sa (très) jeune épouse, Maria Aldobrandini, 22 ans. Mariée dès ses treize printemps, amoureuse d’un autre, on l’accuse d’avoir utilisé, pour se débarrasser de son conjoint sans attirer les suspicions, une potion puissante et supposée indolore que tout le monde redoute alors à Rome. Son nom ? L’aqua-tofana. Un breuvage fatal qui a terrorisé la Ville éternelle et au-delà pendant des décennies.
Un groupe organisé
« Nous sommes alors dans une société catholique, bien avant le divorce, où les mariages arrangés sont fréquents. L’empoisonnement est un des rares moyens d’y mettre un terme », décrit Mike Dash, historien britannique, auteur d’un article sur la question publié dans l’ouvrage Toxicology in the Middle Ages and Renaissance. Parmi les sociétés souterraines d’une Rome du XVIIe siècle où[…]