L'extrême droite se frotte les mains de ce décret surprise et imagine déjà la percée dans la brèche ouverte par le premier ministre nationaliste Viktor Orban.
« Une forme de violence inacceptable qui humilie et culpabilise les femmes. » Ce mardi 13 septembre, la députée européenne Irène Tolleret, membre du parti européen Renew Europe et de la majorité présidentielle côté français, s'est alarmée, comme d'autres sur Twitter, d'un décret publié lundi au Journal officiel hongrois. Ce texte, qui a créé la surprise et dont l'entrée en vigueur est prévue jeudi 15 septembre, prévoit de confronter « d’une manière clairement identifiable » les femmes enceintes désirant avorter aux « fonctions vitales » du fœtus.
Un moyen, bien que le décret ne le précise pas clairement, de faire en sorte que « les mamans [sic] écoutent désormais le rythme cardiaque fœtal », comme s'en est félicité le parti d'extrême droite Mi Hazank, selon les informations de cet article de L'Obs. Cofondatrice de ce parti, la députée Dora Duro a abondé dans une publication Facebook : « Pendant quelques secondes au moins, l’enfant d’âge fœtal pourra se faire entendre de la mère avant que l’avortement ne soit pratiqué. » Dora Duro a également dessiné les contours d'une nouvelle mobilisation anti-IVG à la faveur de ce recul pour un droit acquis par les Hongroises dans les années 50 : « [La loi] n’est pas coulée dans le marbre dans un pays chrétien digne de ce nom. Écrivons l’histoire ! »
Ce décret, qui modifie le formulaire nécessaire à l'accès à une IVG, appuie la politique nataliste du Premier ministre Viktor Orban et de son parti nationaliste le Fidesz. En 2012, il instaurait une nouvelle Constitution dans laquelle la Hongrie défend ainsi « la vie du fœtus dès sa conception ». Le gouvernement avait aussi financé une campagne contre l'avortement avec des fonds de l'Union européenne, dont le pays s'amuse à être le mouton noir, surtout depuis l'entrée en guerre de Vladimir Poutine contre l'Ukraine.
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Le 28 septembre prochain, des militantes féministes du monde entier organiseront des marches dans les grandes villes, dans le cadre de la Journée internationale de lutte pour le droit à l'avortement. Ce marches s'inscrivaient déjà dans un contexte amer pour les Américaines, à la suite du démantèlement de l'arrêt Roe vs Wade en juin. Désormais, pour les Hongroises également.
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