Cathedrale de la transfiguration Odessa avant apres
Cathédrale de la transfiguration à Odessa avant et apres sa destruction par les missiles russes, le 23 juillet 2023. © Compte X de Ostap Yarysh

Crimes de guerre com­mis par la Russie en Ukraine : les enquêteur·rices de l’ONU publient un nou­veau rap­port accablant

Un nou­veau bilan acca­blant a été publié, ven­dre­di 15 mars, par les enquêteur·rices de l’ONU. Il éta­blit de nou­velles preuves de crimes de guerre com­mis par la Russie contre l’Ukraine depuis plus de deux ans. Le rap­port note davan­tage de vio­lences sexuelles, de morts civil·es, de per­sonnes tor­tu­rées, mais aus­si l’escamotage de biens cultu­rels qui entrave le droit inter­na­tio­nal humanitaire. 

La com­mis­sion d’enquête créée par le Conseil des droits de l’homme a trou­vé “de nou­velles preuves que les auto­ri­tés russes ont vio­lé les droits humains inter­na­tio­naux, les lois huma­ni­taires inter­na­tio­nales et com­mis les crimes de guerre cor­res­pon­dants”. L’établissement des faits, publiés ce ven­dre­di, s’appuie sur seize nou­velles visites en Ukraine et une série d’entretiens effec­tuée avec 422 femmes et 394 hommes. 

“La Commission est pré­oc­cu­pée par l’ampleur, la per­sis­tance et la gra­vi­té des vio­la­tions et
des crimes sur les­quels elle a enquê­té ain­si que par leur impact sur les vic­times et les
com­mu­nau­tés affec­tées”,
insiste le nou­veau rap­port, qui vient com­plé­ter les enquêtes
pré­cé­dentes de la Commission publiées l’année der­nière. Elle “confirme ses conclu­sions pré­cé­dentes, selon les­quelles la mul­ti­pli­ci­té de ces attaques [en Ukraine, ndlr] témoigne du dédain de la part des forces armées russes, pour les dom­mages pou­vant être cau­sés aux civils”, sou­lignent les enquêteur·rices.

Torture sys­té­ma­tique

"De nou­veaux élé­ments de preuve ren­forcent les conclu­sions pré­cé­dentes de la Commission, selon les­quelles la tor­ture uti­li­sée par les auto­ri­tés russes en Ukraine et dans la Fédération de Russie est géné­ra­li­sée et sys­té­ma­tique", ajoutent-​ils. Le nou­veau rap­port décrit notam­ment les "trai­te­ments hor­ribles" infli­gés à des prisonnier·ères de guerre ukrainien·nes dans plu­sieurs centres de déten­tion de la Fédération de Russie. 

Le rap­port docu­mente “des viols et autres vio­lences sexuelles infli­gées à des femmes
dans des cir­cons­tances qui relèvent de la tor­ture
”, et l’enquête a per­mis “de trou­ver des
preuves sup­plé­men­taires du trans­fert illé­gal d’enfants dans les zones sous contrôle russe
”.

L’ONU insiste sur les trau­ma­tismes phy­siques et men­taux durables dont souffrent ces vic­times. “Les récits des vic­times révèlent des trai­te­ments bru­taux et impla­cables, qui leur infligent des dou­leurs et des souf­frances intenses au cours d’une déten­tion pro­lon­gée, au mépris fla­grant de la digni­té humaine”, selon le rap­port, qui révèle notam­ment l’expérience d’un sol­dat ukrai­nien arrê­té et tor­tu­ré par les auto­ri­tés russes dans plu­sieurs centres de déten­tion. Il raconte “son expé­rience dans la colo­nie péni­ten­tiaire de la ville de Donskoy, dans la région de Toula, où il a été tor­tu­ré à plu­sieurs reprises et s’est retrou­vé avec des os et des dents cas­sés et la gan­grène à un pied bles­sé”. Les consé­quences trau­ma­tiques sont mani­festes : “J’ai per­du tout espoir et toute volon­té de vivre”, raconte le sol­dat, ajou­tant qu’il avait ten­té de se sui­ci­der, mais que les agres­seurs l’avaient à nou­veau bat­tu. Après sa libé­ra­tion, “le mili­taire a été hos­pi­ta­li­sé trente-​six fois”, pré­cise l’enquête.

La nature, la ten­dance et les méthodes uti­li­sées pour la tor­ture “sug­gèrent qu’il existe une
poli­tique plus clai­re­ment défi­nie
”, a sou­li­gné l’un·e des com­mis­saires, Vrinda Grover, lors d’un point de presse à Genève.

Lire l “In Her Car” : la série évè­ne­ment tour­née en pleine guerre dans les envi­rons de Kiev

Des biens cultu­rels ukrai­niens accaparés

Pour la pre­mière fois, les enquêteur·rices se sont aus­si penché·es sur le sort réser­vé aux objets cultu­rels et aux archives dans les ter­ri­toires occu­pés. Ils et elles ont plus par­ti­cu­liè­re­ment enquê­té sur la ville de Kherson et celle d’Odessa.

“Les auto­ri­tés russes ont trans­fé­ré des objets cultu­rels du Musée d’art régio­nal de Kherson et des archives” pro­vin­ciales, en Crimée, annexée en 2014 par Moscou. “Selon les esti­ma­tions du per­son­nel des deux ins­ti­tu­tions, plus de dix mille objets du musée et 70 % des docu­ments du bâti­ment prin­ci­pal des archives d’État ont été reti­rés”, sou­ligne le rap­port. Les auto­ri­tés locales ont invo­qué la néces­si­té de pro­té­ger ces objets de la des­truc­tion. Pour les enquêteur·rices, les auto­ri­tés ont com­mis un crime de guerre en s’accaparant les biens ukrai­niens, notam­ment par le biais d’une loi adop­tée en mars 2023 qui sti­pule que ces biens et archives sai­sis appar­tiennent désor­mais à la Russie.

Une autre entrave au droit inter­na­tio­nal est mise en évi­dence. À Odessa, des bom­bar­de­ments russes, fin juillet 2023, ont tou­ché des bâti­ments cultu­rels, cultuels ou his­to­riques, “tous situés dans le centre his­to­rique” de la ville, y com­pris la cathé­drale de la Transfiguration, rap­porte l’ONU. “Ces attaques frappent des biens cultu­rels qui béné­fi­cient d’une pro­tec­tion par­ti­cu­lière en ver­tu du droit inter­na­tio­nal huma­ni­taire”, note le rapport. 

Lire l Un an de guerre en Ukraine : accou­cher sous les bombes

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