Tournée en Ukraine au début de la guerre, par une équipe ukrainienne, la série In Her Car suit une femme qui risque sa vie en conduisant ses compatriotes loin des combats. Inspiré d’histoires vraies, porté par le charisme de son actrice principale, ce road-trip saisissant de résilience est à découvrir sur France.tv.
Deux ans déjà. Un bien triste anniversaire marque ce mois de février : l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe. Deux ans de guerre, de bombardements, de résistance et de tragédie aux portes de l’Europe. Mais deux ans de résilience aussi, au jour le jour, sur le terrain et à bas bruit. C’est cet aspect-là, plus intime, que veut montrer In Her Car, en marge des images fracassantes des journaux télévisés.
Lancée simultanément sur France.tv et sur les plateformes d’une dizaine de médias publics européens (une première), cette coproduction n’est pas une série sur la guerre en Ukraine, mais sur la façon dont cette guerre affecte le destin de chacune et chacun au quotidien. Créée et défendue par Yevhen Tunik, un jeune auteur et réalisateur ukrainien de 31 ans, elle a donc été tournée sur place, en plein conflit (dès mars 2023, dans des lieux tenus secrets à Kiev et ses environs), l’objectif étant de ne verser ni dans la haine ni dans la propagande.
Sur la route
Pari tenu : la structure du scénario participe pour beaucoup de cette juste complexité. Nous voilà projeté·es, en grande partie en tout cas, dans la voiture de Lydia au lendemain de l’invasion russe, le 24 février 2022. Cette psychologue en instance de divorce, qui a perdu sa sœur huit ans auparavant lors de la guerre du Donbass, a en effet très vite décidé de transporter à travers l’Ukraine toute personne souhaitant retrouver un·e proche, acceptant même de les acheminer jusqu’à la frontière moldave ou polonaise au cas où (il suffit de la contacter via ses réseaux sociaux). À ce voyage périlleux, qui se transforme rapidement en séance de thérapie improvisée (l’abri relatif de l’habitacle favorise la confidence), se mêlent chaque fois des flash-back montrant l’ancienne vie des passagers, puisque chaque épisode relate un parcours différent.
On est donc bien dans un récit dynamique – road trip oblige –, qui donne à voir une grande variété de situations et de points de vue, tour à tour émouvants, troublants, brutaux ou amusants, d’autant plus saisissants qu’ils sont filmés au plus près, dans un espace confiné. Certes, les tensions qui opposent Lydia à son voyou de mari chahutent quelque peu cette ligne claire et sobre (on se passionne moyennement pour cette intrigue secondaire aux allures forcées de thriller). Mais l’agacement se dissipe vite grâce à la force unique qui s’échappe de cet échantillon de gens ordinaires, plongés d’un coup d’un seul dans l’extraordinaire. Le personnage de Lydia, femme seule, autonome, à l’écoute, qui entend diriger sa vie comme sa voiture au milieu de ce chaos, est d’ailleurs l’un des grands atouts de cette série. De même que le jeu dense, précis, intense d’Anastasiya Karpenko, l’actrice qui l’interprète. En clair, elle nous embarque complètement.
In Her Car, de Yevhen Tunik. Série de 10 épisodes de 25 min. à découvrir à partir du 21 février sur France.tv et lundi 26 février à 22 h 50 sur France 2.