Crise sani­taire au Brésil : « Les gens crient "Assassin", "Dehors Bolsonaro"»

Sandra Kogut est réa­li­sa­trice et vit à Rio de Janeiro.

112 le Covid19 vu dailleurs Sandra Kogut ∏ DR
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« Ici, les déci­sions se prennent au niveau des États, donc la situa­tion n’est pas la même par­tout. Avec São Paulo et Manaus, en Amazonas, Rio est l’un des États qui compte le plus grand nombre de cas. Donc, la plu­part des lieux et des com­merces sont fer­més et les gens sont priés de res­ter chez eux, mais il n’y a pas d’attestation comme en France. Dans les fave­las, où il y a une forte pro­mis­cui­té et par­fois pas d’accès à l’eau ni au savon, le virus cir­cule vite… Il existe, au Brésil, le sys­tème de san­té unique (SUS), l’un des plus grands sys­tèmes de san­té publique au monde, mis en place après la dic­ta­ture. Mais, depuis quelques années, avec les gou­ver­ne­ments de droite qui se sont suc­cé­dé, puis l’extrême droite aujourd’hui, il s’est affaibli.

Ici, au-​delà de la crise sani­taire, la crise poli­tique est vrai­ment très grave. Bolsonaro est dans le déni total. Il va à des mani­fes­ta­tions en ser­rant la main à tout le monde. Et conti­nue sur sa ligne “tout ça c’est une inven­tion des médias”. Pas mal de gens l’ont lâché. Mais sa base – les fana­tiques, les évan­gé­listes et les plus pauvres, mal­heu­reu­se­ment vic­times de la dés­in­for­ma­tion – reste solide. En ce moment, il y a une grosse enquête très sérieuse de la Cour suprême et de la police sur un « ­cabi­net de la haine » qui serait logé dans les lieux mêmes du gouver­nement et serait consa­cré à la pro­pa­ga­tion de fake news. Ici, tous les soirs à 20 h 30 c’est le pane­la­ço, le concert de cas­se­roles. Les gens crient : « Assassin », « Génocide », « Dehors Bolsonaro », « Milicien ». Les pro-​Bolsonaro, eux, rétorquent en met­tant l’hymne natio­nal à fond ou en mani­fes­tant dans la rue. C’est une guerre sonore. Le pré­sident a ten­té d’inciter les gens à faire des manifs à 20 heures pour sou­te­nir le gou­ver­ne­ment, mais ça a fait un flop. Mon film, Trois étés, est sor­ti en France quelques jours avant le confi­ne­ment. Il est res­té quatre jours en salles. Il était plu­tôt bien par­ti… Au Brésil, il devait sor­tir le 19 mars. Déjà avant la crise, le gou­ver­ne­ment était en guerre contre la culture. Il n’y a plus de ministre dédié… On ne sait pas dans quel pays on sera quand tout cela sera terminé. »

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