Paris : le Palais Galliera expose 200 objets issus de la Casa Azul de Frida Kahlo

Du 15 sep­tembre au 5 mars, le Palais Galliera de la ville de Paris met en lumière le par­cours aven­tu­reux de Frida Kahlo grâce à une col­lec­tion de ses objets intimes. 

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Frida Kahlo par Toni Frissell, publiée dans le US Vogue 1937 

C'est une expo sur Frida Khalo qui fait un pari osé : dans Frida Kahlo, au-​délà des appa­rences, visible du 15 sep­tembre au 5 mars au Palais Galliera à Paris, pas de tableaux. Le dis­po­si­tif pré­fère s'attacher aux objets intimes de l’artiste mexi­caine la plus célèbre du XXe siècle pour faire décou­vrir au public une vie libre et intense, à l'image de ses œuvres. Et mon­trer com­ment s'est construite l'icône de fémi­ni­té hors-​norme, au-​delà de la peintre.

Vêtements, cor­res­pon­dances, acces­soires, médi­ca­ments ou pro­thèses médi­cales… vous pour­rez contem­pler plus de 200 objets issus de la mai­son mythique de la Casa Azul – la Maison Bleue où Frida Kahlo est née et a gran­di – à Mexico. À la mort de Frida en 1954, son mari, le peintre mura­liste Diego Rivera, décide de sto­cker ses effets per­son­nels dans des pièces de la mai­son avant de les pla­cer sous scel­lés. Ce n'est que cin­quante ans plus tard, en 2004, que les chambres ont été ouvertes.

Dans le par­cours de l'exposition, diverses facettes de sa per­son­na­li­té sont donc iden­ti­fiées – de ses convic­tions poli­tiques à ses tour­ments psy­chiques et émo­tion­nels – de part en part des salles du Palais Galliera.

Une « mexi­ca­ni­té » flamboyante

Née en 1907, trois ans avant la révo­lu­tion mexi­caine, d’un père alle­mand et d’une mère indi­gène, Frida Kahlo pro­gresse dans l'existence en dépit de sa polio­myé­lite contrac­tée à l'âge de six ans – qui lui vau­dra l'invention d'une amie ima­gi­naire à cause de son iso­le­ment – qu'elle camoufle péniblement.

L'exposition relate que dès son plus jeune âge, son père lui trans­met un goût pour les vête­ments tra­di­tion­nels mexi­cains. Passion qu'elle ché­ri­ra toute sa vie, notam­ment lorsqu'elle rénove La Casa Azul en 1930 en la rem­plis­sant d'objets issus de l'art popu­laire mexi­cain, les sculp­tures pré-​hispaniques et les pein­tures votives.

Lire aus­si I – Série d’été – Ruptures épis­to­laires : la lettre de Frida Kahlo à Diego Rivera

Impétueuse, elle affiche sa bis­sexua­li­té à rebours du catho­li­cisme pré­gnant dans son pays et s'inscrit au par­ti com­mu­niste mexi­cain en 1928. Ses convic­tions poli­tiques seront ren­for­cées à l'occasion d'un long voyage aux États-​Unis – qu'elle sur­nomme « Gringolandia » – débu­té en 1930, dont elle revient effa­rée des écarts des dis­pa­ri­tés de richesse et du racisme dont elle est spectatrice.

La souf­france comme moteur créatif

En 1925, lorsqu'elle est âgée de 18 ans, sa vie bas­cule. Survivant de peu à une vio­lente col­li­sion en bus, elle vivra doré­na­vant avec d'importantes séquelles et devra faire le deuil de ses études de méde­cine. C'est alors qu'elle com­mence à peindre. L'exposition raconte qu'à par­tir de cet évé­ne­ment majeur, et pen­dant sa conva­les­cence, la jeune femme ali­tée s'embarque dans la pein­ture à l'aide d'un che­va­let pliant et d'un miroir, fixés dans le bal­da­quin de son lit. Frida Kahlo subit des dizaines d'opérations, dans l'espoir d'apaiser ses graves pro­blèmes de san­té et ses dou­leurs phy­siques – sa jambe droite, sa colonne ver­té­brale et son appa­reil géni­tal sont tou­chés – en vain.

La peintre se forge alors une iden­ti­té très puis­sante à tra­vers son han­di­cap et son art, qui résonne encore aujourd’hui. Elle peint ses cor­sets à la main ain­si que ses pro­thèses (qu’elle confec­tion­nait d'elle-même), comme pour don­ner du sens aux acces­soires qui sym­bo­lisent ses souf­frances phy­siques et émo­tion­nelles. De la même manière, elle s'approprie son mono sour­cil si peu fémi­nin pour en faire un sym­bole de sa per­sonne dans ses œuvres, en le repré­sen­tant d'une simple ligne noire.

Le sens du style

Au milieu des archives pri­vées et des acces­soires – col­liers en perles de jade, des fards ou encore des étuis à ciga­rettes – l'exposition pro­pose un échan­tillon de la garde-​robe de la peintre mexi­caine, qui est consi­dé­rée assu­ré­ment comme une exten­sion de son expres­sion artis­tique. Le style de Frida Kahlo par­ti­cipe autant au mythe qui émane autour de sa per­sonne que ses réa­li­sa­tions artis­tiques. De fait, l'artiste mexi­caine dis­si­mu­lait son corps malade sous des robes de Tehuana colo­rées (robes tra­di­tion­nelles mexi­caines), des fleurs pin­cées dans ses longues nattes noires, des ongles far­dés et des lèvres rouges. 

Par ailleurs, on découvre à tra­vers son par­cours éton­nant une femme très contem­po­raine. Elle a for­te­ment ins­pi­ré les desi­gners de mode de l'époque actuelle, de Alessandro Michel chez Gucci, à Maria Grazia chez Dior pas­sant par Jean Paul Gaultier avec ses explo­ra­tions autour du cor­set en 1998.

Lire aus­si I Frida Kahlo, machine à pesos

Frida Kahlo, au-​délà des appa­rences, visible au palais Galliera musée de la Mode de la ville de Paris, situé dans le 16ᵉ arron­dis­se­ment de Paris. Du 15 sep­tembre 2022 au 5 mars 2023, à 15€ (tarif plein), 13€ (tarif réduit), et gra­tuit pour les moins de 18 ans.

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