Du 15 septembre au 5 mars, le Palais Galliera de la ville de Paris met en lumière le parcours aventureux de Frida Kahlo grâce à une collection de ses objets intimes.
![Paris : le Palais Galliera expose 200 objets issus de la Casa Azul de Frida Kahlo 1 unnamed](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2022/09/unnamed.jpg)
C'est une expo sur Frida Khalo qui fait un pari osé : dans Frida Kahlo, au-délà des apparences, visible du 15 septembre au 5 mars au Palais Galliera à Paris, pas de tableaux. Le dispositif préfère s'attacher aux objets intimes de l’artiste mexicaine la plus célèbre du XXe siècle pour faire découvrir au public une vie libre et intense, à l'image de ses œuvres. Et montrer comment s'est construite l'icône de féminité hors-norme, au-delà de la peintre.
Vêtements, correspondances, accessoires, médicaments ou prothèses médicales… vous pourrez contempler plus de 200 objets issus de la maison mythique de la Casa Azul – la Maison Bleue où Frida Kahlo est née et a grandi – à Mexico. À la mort de Frida en 1954, son mari, le peintre muraliste Diego Rivera, décide de stocker ses effets personnels dans des pièces de la maison avant de les placer sous scellés. Ce n'est que cinquante ans plus tard, en 2004, que les chambres ont été ouvertes.
Dans le parcours de l'exposition, diverses facettes de sa personnalité sont donc identifiées – de ses convictions politiques à ses tourments psychiques et émotionnels – de part en part des salles du Palais Galliera.
Une « mexicanité » flamboyante
Née en 1907, trois ans avant la révolution mexicaine, d’un père allemand et d’une mère indigène, Frida Kahlo progresse dans l'existence en dépit de sa poliomyélite contractée à l'âge de six ans – qui lui vaudra l'invention d'une amie imaginaire à cause de son isolement – qu'elle camoufle péniblement.
L'exposition relate que dès son plus jeune âge, son père lui transmet un goût pour les vêtements traditionnels mexicains. Passion qu'elle chérira toute sa vie, notamment lorsqu'elle rénove La Casa Azul en 1930 en la remplissant d'objets issus de l'art populaire mexicain, les sculptures pré-hispaniques et les peintures votives.
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Impétueuse, elle affiche sa bissexualité à rebours du catholicisme prégnant dans son pays et s'inscrit au parti communiste mexicain en 1928. Ses convictions politiques seront renforcées à l'occasion d'un long voyage aux États-Unis – qu'elle surnomme « Gringolandia » – débuté en 1930, dont elle revient effarée des écarts des disparités de richesse et du racisme dont elle est spectatrice.
La souffrance comme moteur créatif
En 1925, lorsqu'elle est âgée de 18 ans, sa vie bascule. Survivant de peu à une violente collision en bus, elle vivra dorénavant avec d'importantes séquelles et devra faire le deuil de ses études de médecine. C'est alors qu'elle commence à peindre. L'exposition raconte qu'à partir de cet événement majeur, et pendant sa convalescence, la jeune femme alitée s'embarque dans la peinture à l'aide d'un chevalet pliant et d'un miroir, fixés dans le baldaquin de son lit. Frida Kahlo subit des dizaines d'opérations, dans l'espoir d'apaiser ses graves problèmes de santé et ses douleurs physiques – sa jambe droite, sa colonne vertébrale et son appareil génital sont touchés – en vain.
La peintre se forge alors une identité très puissante à travers son handicap et son art, qui résonne encore aujourd’hui. Elle peint ses corsets à la main ainsi que ses prothèses (qu’elle confectionnait d'elle-même), comme pour donner du sens aux accessoires qui symbolisent ses souffrances physiques et émotionnelles. De la même manière, elle s'approprie son mono sourcil si peu féminin pour en faire un symbole de sa personne dans ses œuvres, en le représentant d'une simple ligne noire.
Le sens du style
Au milieu des archives privées et des accessoires – colliers en perles de jade, des fards ou encore des étuis à cigarettes – l'exposition propose un échantillon de la garde-robe de la peintre mexicaine, qui est considérée assurément comme une extension de son expression artistique. Le style de Frida Kahlo participe autant au mythe qui émane autour de sa personne que ses réalisations artistiques. De fait, l'artiste mexicaine dissimulait son corps malade sous des robes de Tehuana colorées (robes traditionnelles mexicaines), des fleurs pincées dans ses longues nattes noires, des ongles fardés et des lèvres rouges.
Par ailleurs, on découvre à travers son parcours étonnant une femme très contemporaine. Elle a fortement inspiré les designers de mode de l'époque actuelle, de Alessandro Michel chez Gucci, à Maria Grazia chez Dior passant par Jean Paul Gaultier avec ses explorations autour du corset en 1998.
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Frida Kahlo, au-délà des apparences, visible au palais Galliera musée de la Mode de la ville de Paris, situé dans le 16ᵉ arrondissement de Paris. Du 15 septembre 2022 au 5 mars 2023, à 15€ (tarif plein), 13€ (tarif réduit), et gratuit pour les moins de 18 ans.