L'ex-juge américaine Sandra Day O'Connor est morte vendredi à l'âge de 93 ans, a annoncé la Cour suprême. Elle était la première femme à avoir été nommée à la plus haute instance judiciaire américaine.
L'ex-juge de la Cour suprême américaine Sandra Day O'Connor, membre du parti républicain, s'est éteinte vendredi matin à Phoenix (sud-ouest) à l'âge de 93 ans, a annoncé la Cour dans un communiqué. L'ancienne avocate et procureure née au Texas souffrait de la maladie d'Alzheimer. Première femme à rejoindre la Cour suprême américaine, elle était considérée par beaucoup comme "la femme la plus puissante d'Amérique", étant celle qui avait su mettre fin à 191 ans d'exclusivité masculine à la haute cour. Une nomination historique, qui lui avait valu de devenir la cible des critiques et des sceptiques, qui relevaient son manque d'expérience. Certain·es, à droite, s'inquiètent alors de ses vues sur l'avortement, tandis que d'autres, à gauche, se préoccupent de ses positions sur les questions féministes. Sandra Day O'Connor s'était finalement rapidement imposée par son indépendance et sa force de travail. "Le pouvoir que j'exerce sur la Cour dépend du pouvoir de mes arguments, pas de mon genre", avait-elle déclaré en 1990. Elle était néanmoins restée le seul élément féminin jusqu'à ce que Bill Clinton nomme Ruth Bader Ginsburg, en 1993. Aujourd'hui, la Cour suprême américaine compte 4 juges femmes sur 9.
Retraitée depuis 2006, Sandra Day O'Connor avait été nommée à la Cour suprême en 1981 par le président républicain de l'époque, Ronald Reagan. Lors de sa campagne, ce dernier avait promis de nommer une femme au sein de l'instance judiciaire. Conservatrice modérée et pragmatique, les positions de la juge Day O'Connor ont souvent favorisé le compromis au sein de l'institution. Elle a souvent fourni la cinquième voix décisive parmi les neufs juges, votant selon les cas avec ses collègues conservateurs – comme lors du blocage du recompte des voix en Floride lors de l'élection présidentielle de 2000, ouvrant la Maison Blanche à George W. Bush – ou avec les progressistes. La règle de droit (…) doit être suffisamment flexible pour s'adapter aux différentes circonstances", déclarait-elle d'ailleurs en 2001. Fidèle à ses paroles, Sandra Day O'Connor avait refusé en 1989 de rejoindre quatre juges prêts à remettre en cause l'arrêt Roe vs Wade de 1973 faisant de l'avortement un droit constitutionnel.
Exemple de combativité, la juge ne s'était absentée de ses fonctions que deux semaines lors de son opération pour soigner son cancer du sein, qui se déclare en 1988. Nommée à vie, Sandra Day O'Connor avait choisi de prendre sa retraite en 2006, notamment pour aider son mari John O'Connor à combattre Alzheimer. Elle fondera dans la foulée, en 2009, l'organisation iCivics pour enseigner en ligne aux collégien·nes et lycéen·nes les bases de l'éducation civique. Rattrapée à son tour par la maladie d'Alzheimer, l'ex-juge quitte définitivement la vie publique en 2018. Avant cela, elle sera néanmoins décorée de la plus haute distinction civile américaine, la Médaille de la liberté, par Barack Obama. Le président démocrate avait alors déclaré à son sujet : "Sandra Day O'Connor est comme le pèlerin dans un poème qu'elle cite parfois, celui qui a dégagé un nouveau chemin et construit un pont pour que tant d'autres femmes puissent la suivre".