Depuis quelques années, la célèbre peintre mexicaine (1907−1954) fait l’objet d’une vaste opération de récupération marketing qui menace la postérité de son œuvre et de son héritage, plus complexes qu’il n’y parait.

Moins blonde et plus poilue, Frida Kahlo est en passe de détrôner Marilyn Monroe. En quelques années, la plus célèbre des peintres mexicain·es du XXe siècle est en effet devenue un objet de consommation de masse aussi bankable que l’icône hollywoodienne. Son monosourcil et sa couronne de fleurs s’affichent fièrement sur des ribambelles de tee-shirts, tote bags, portefeuilles et autres accessoires de mode, sur des posters et des fresques de street art, ou encore en tatouage sur les bras galbés de hipsters. Le dernier film d’animation de Pixar, Coco, l’a même exhumée pour la dépeindre en artiste mégalo et un peu cinglée. Et le 8 mars dernier, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, une Barbie à l’effigie de la peintre voit le jour dans une collection intitulée « Inspiring Women » [femmes inspirantes, ndlr]. Et ce sans autorisation de ses descendant·es. Pâlotte, parfaitement épilée, sans aucune trace de ses multiples opérations et de son handicap, la Frida sauce Mattel est bien plus fade que l’originale. La famille de[…]