Une miss mollement féministe récolte un cyberharcèlement odieux. Quoi de neuf sous le soleil de la misogynie ordinaire ?
C’est une licenciée en maths de 20 ans, originaire de la région de Dunkerque, qui a été élue Miss France samedi soir. ève Gilles s’est démarquée par son discours plaidant pour une femme “diverse” [sic] : à savoir, une coupe courte et une silhouette androgyne. Si l’on peut être sensible au symbole, dans l’institution corsetée et rétrograde des “Miss”, on est pourtant loin de la Pasionaria rompue à l’engagement politique ou associatif. Des militantes ont d’ailleurs analysé cette victoire auprès de l’AFP comme du “feminisme washing” : le principe même de l’élection des miss reste en effet très contesté par les féministes et le physique de la gagnante, qui a dénoncé le body shaming, étant finalement très normé.
“Miss planche à pain”
Rien à signaler, donc. Et pourtant ! Ces signaux faibles ont suffi à mobiliser sur les réseaux sociaux un cyberharcèlement nourri durant le week-end. Des messages courroucés ont ainsi fustigé un physique et des formes jugés pas assez féminins : “Miss planche à pain” pouvait-on lire dans les commentaires. D’autres ont cru voir en elle une nouvelle incarnation du grand méchant “wokisme”. Sans compter les saillies transphobes (“On dirait un trans”). Il y en avait pour tous les goûts. Gageons que l’origine réunionnaise de la jeune femme n’est pas pour rien dans ces attaques abjectes.
Bref, on constate avec fatigue le décalage délirant entre un engagement politique très faible et la violence des réactions qu’il suscite. Un joli tableau de l’époque… Surtout qu’en comparaison, bien peu de voix se sont élevées quand, quelques jours auparavant, deux miss ont fait condamner Endemol et TF1 pour avoir diffusé en 2018, sans leur consentement, des images d’elles seins nus dans les coulisses. Une indignation à géométrie variable, donc.
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