An auto da fé of the Spanish Inquisition and the execution o Wellcome V0041892
L'Inquisition, la vraie © Wikimedia commons

Affaires PPDA et Hulot : la réponse de 14 femmes à Emmanuel Macron

Dans une tri­bune publiée dans Le Monde ce 8 décembre, qua­torze femmes ayant dénon­cé des faits de vio­lence sexuelles de la part de Patrick Poivre‑d'Arvor et Nicolas Hulot répondent au pré­sident de la République qui s'est inquié­té, au sujet de l'affaire Hulot, de l'émergence d'une « socié­té de l'Inquisition ».

Elles ont eu le cou­rage de mettre en cause deux hommes puis­sants, le jour­na­liste Patrick Poivre‑d'Avror (PPDA) et l'ex-ministre Nicolas Hulot, en racon­tant avoir subi des agres­sions sexuelles voire des viols de leur part dans le cadre d'enquêtes jour­na­lis­tiques. En retour, lors du conseil des ministres du 1er décembre, le chef de l'Etat a adop­té la posi­tion qu'il affec­tionne : celle du « en même temps ». Admettant qu'il était « très bien que la parole se libère » et affir­mant ne jamais vou­loir d'une « socié­té de l’opacité ou de la com­plai­sance », Emmanuel Macron a dans le même moment nuan­cé son sou­tien : « Nous ne vou­lons pas non plus d’une socié­té de l’inquisition . »

Un mes­sage visant à conten­ter les cri­tiques du mou­ve­ment #MeToo, qui a pro­fon­dé­ment heur­té plu­sieurs femmes ayant récem­ment témoi­gné dans la presse contre PPDA et Nicolas Hulot. Nora Arbelbide Lete, Karin Bernfeld, Clémence de Blasi, Emmanuelle Dancourt, Aude Darlet, Cécile Delarue, Hélène Devynck, Maureen Dor, Justine Ducharne, Margot Cauquil-​Guèze, Stéphanie Khayat, Camille Pascaud, Muriel Reus et Cécile Thimoreau ont donc choi­si de répondre au chef de l'Etat dans une tri­bune publiée ce 8 décembre dans les pages du Monde. Dedans, elles contestent le bien­fon­dé de la réfé­rence his­to­rique choi­sie par Emmanuel Macron : « Quel est le rap­port entre nos récits et l’Inquisition ? De nos inti­mi­tés expo­sées naî­trait le risque de replon­ger la France dans une des périodes les plus sombres et les plus una­ni­me­ment détes­tées de l’histoire occi­den­tale ? » Pour rap­pel, l'Inquisition, qui prit place dans plu­sieurs pays latins entre les XIIIème et XVIème siècles, est une juri­dic­tion catho­lique qui répri­ma de pré­ten­dus crimes d'hérésie, usa de tor­ture et condam­na à mort plu­sieurs mil­liers de per­sonnes à la suite de pro­cès sommaires. 

Pour les signa­taires de cette tri­bune, être com­pa­rées à cette juri­dic­tion res­tée dans les mémoires comme le « sym­bole de l’obscurantisme, de la ter­reur et de l’arbitraire » ne passe pas. « Nous avons dit nos hontes les plus intimes, expo­sé nos larmes rava­lées, expli­qué nos silences impo­sés ou nos récits négli­gés. Ces témoi­gnages ont été, pour beau­coup d’entre nous, dif­fi­ciles et coû­teux. […] Nous avons par­lé par devoir citoyen », soutiennent-​elles. Ces femmes reprochent au chef de l'Etat de les pré­sen­ter comme « dan­ge­reuses » en les com­pa­rant à l'Inquisition et donc, au final d'apporter « une pièce de plus dans la machine à taire ». Au-​delà de leurs cas per­son­nels, ces femmes plus ou moins média­tiques se font entendre une nou­velle fois pour toutes les vic­times ano­nymes de puis­sants ou d'hommes tout aus­si anonymes.

Lire aus­si l Affaire Nicolas Hulot : « Les femmes qui ont témoi­gné sont sou­la­gées de voir que leur parole est suf­fi­sam­ment cré­dible pour que la jus­tice s'en empare »

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