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© Tom Pumford

Océan : « Généralement, le ouin-​ouin est blanc, valide et très très sensible »

Est-ce que vous connaissez ceux qu’on appelle les « ouin-ouins » ? Les « ouin-ouins » sont une espèce en voie de développement, contrairement aux abeilles et aux arbres d’Amazonie. 

Malheureusement, leur utilité à sauver la planète est quasi nulle, mais ils n’en valent pas moins la peine d’être notifiés : les ouin-ouins sont généralement des hommes qui se plaignent d’être les grandes victimes de notre époque où les « féminazies », armées de sécateurs à coucougnettes, foutent en l’air leur vie quotidienne avec des collages contre les féminicides et des appels au boycott de ce pauvre Polanski, qui, ostracisé par nos violences, n’a fait QUE la Une de Match mi-décembre et celle du cahier Culture de L’Obs début novembre, sans parler de sa pole position au box-office. Mais ce n’est qu’un exemple.

Le cri de ralliement du ouin-ouin ? « ABATFAÇON, ONPEUPURINDIRE ! »  Son slogan ? « C’EST LE GRAND REMPLACEMENT ÇA ! » Son trauma ? « J’ose même plus tenir la porte à une femme de peur de m’en prendre une ! » Sa réponse ? « NON au féminisme, OUI à l’humanisme ! »

Généralement, le ouin-ouin est blanc, valide et très très sensible à cause de toutes ces oppressions quotidiennes terribles que les femmes lui font subir (vous pouvez remplacer femmes par Noir·es/Arabes/gros·ses/musulman·es/lesbiennes/gays/trans/handicapé·es…) Bref, les ouin-ouins courent les rues, et nos obsessions des « masculinités toxiques » les empêcheraient même de bander, les pauvres !

Personnellement, ça me fait sourire. On les connaît par cœur, et il est en général assez facile de leur répondre (un bon « TA GUEULE », à hauteur de l’intelligence de leurs arguments, étant généralement adéquat). 

Ce qui m’ennuie plus, c’est quand je vois des ouin-ouins au féminin : des féministes blanches qui se plaignent d’être toujours prises à partie par des féministes racisées parce qu’elles squattent les espaces médiatiques ; des féministes cisgenres qui sont exaspérées parce que les femmes trans leur expliquent que leur campagne sur le clitoris ou les règles manquent d’inclusivité pour les personnes trans ; des féministes modeuses qui font du 36 et se font engueuler par des grosses qui leur expliquent que parler de body positive, c’est inadapté dans leur cas ; et, bien sûr, celles qui se réclament du féminisme intersectionnel alors qu’elles soutiennent les lois antivoiles et antiputes, et qu’on retrouve à ouin-ouiner parce que les musulmanes et les travailleuses du sexe refusent de marcher dans un « Nous toutes » dont elles ne font apparemment pas partie…

Alors, à elles toutes, je voudrais dire : souvenez-vous qu’être oppressé·e n’empêche pas d’être oppresseur·se, et à chaque fois que vous avez envie de vous plaindre, checkez vos privilèges, rappelez-vous des ouin-ouins masculins pour ne pas leur ressembler et écoutez toujours les critiques quand elles viennent de personnes minorisées, car la critique, dans 99,9 % des cas, est constructive et vertueuse ! 

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