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© Mohamed Hassan / Pixabay

"Mon Parcours psy" : pour­quoi seuls 7% des psy­cho­logues conven­tion­nés ont rejoint le dispositif

93% des 70.000 psy­cho­logues recensé·es en France ont choi­si de boy­cot­ter ce dis­po­si­tif lan­cé par Emmanuel Macron il y a un an comme une réponse aux consé­quences de la pan­dé­mie de Covid sur la san­té men­tale des Français·es. Camille Mohoric-​Faedi, psy­cho­logue cli­ni­cienne et cofon­da­trice du col­lec­tif #ManifestePsy, nous explique les rai­sons de cette hostilité.

« Il y a un an, le gou­ver­ne­ment inau­gu­rait le dis­po­si­tif Mon psy, depuis deve­nu Mon
par­cours psy, en expli­quant que tous les Français pour­raient avoir accès à huit
séances d’accompagnement psy­cho­lo­gique rem­bour­sées. Bien avant que ça ne se mette en route, nous leur avons expli­qué que nous n’étions pas d’accord. Cette mesure, c’est de la poudre aux yeux pour détour­ner le regard de la vraie pro­blé­ma­tique, qui est l’abandon du ser­vice public, où cha­cun peut jus­te­ment avoir accès à des séances remboursées. 

Ça laisse croire que les gens qui sont sur liste d’attente – par­fois pen­dant trois ans – dans des struc­tures publiques pour­ront être redi­ri­gés vers Mon par­cours psy. C’est faux. Car ce dis­po­si­tif s’adresse uni­que­ment aux per­sonnes “en souf­france psy­chique légère à modé­rée”. Les gens qui ont des idées sui­ci­daires, des troubles ali­men­taires “avec signes de gra­vi­té”, une addic­tion ou des pro­blé­ma­tiques lourdes en sont exclus. Cette hié­rar­chi­sa­tion des souf­frances est inacceptable.

De plus, ce dis­po­si­tif place les psy­cho­logues cli­ni­ciens sous hié­rar­chie médi­cale – les séances devant être pres­crites par un méde­cin, un psy­chiatre ou, main­te­nant, une sage-​femme. Il ne res­pecte pas le code de déon­to­lo­gie de notre pro­fes­sion : l’accès libre et direct à un psy­cho­logue n’est plus garan­ti. On ne peut pas consul­ter le pro­fes­sion­nel de son choix [seuls 2 200 psy­cho­logues conventionné·es ont rejoint le dis­po­si­tif, ndlr]… Le cadre thé­ra­peu­tique n’est pas non plus res­pec­té : on est dans un
pro­to­cole stan­dar­di­sé, sur huit séances, qui ne tient pas compte des besoins de la personne. 

C’est pour ça qu’avec notre col­lec­tif, qui réunit 8 600 psy­cho­logues, nous mili­tons pour le boy­cott et l’abrogation de ce dis­po­si­tif. Nous n’accepterons jamais que la psy­cho­thé­ra­pie soit trans­for­mée en une pra­tique ubé­ri­sée, stan­dar­di­sée, à bas coût. »

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