93% des 70.000 psychologues recensé·es en France ont choisi de boycotter ce dispositif lancé par Emmanuel Macron il y a un an comme une réponse aux conséquences de la pandémie de Covid sur la santé mentale des Français·es. Camille Mohoric-Faedi, psychologue clinicienne et cofondatrice du collectif #ManifestePsy, nous explique les raisons de cette hostilité.
« Il y a un an, le gouvernement inaugurait le dispositif Mon psy, depuis devenu Mon
parcours psy, en expliquant que tous les Français pourraient avoir accès à huit
séances d’accompagnement psychologique remboursées. Bien avant que ça ne se mette en route, nous leur avons expliqué que nous n’étions pas d’accord. Cette mesure, c’est de la poudre aux yeux pour détourner le regard de la vraie problématique, qui est l’abandon du service public, où chacun peut justement avoir accès à des séances remboursées.
Ça laisse croire que les gens qui sont sur liste d’attente – parfois pendant trois ans – dans des structures publiques pourront être redirigés vers Mon parcours psy. C’est faux. Car ce dispositif s’adresse uniquement aux personnes “en souffrance psychique légère à modérée”. Les gens qui ont des idées suicidaires, des troubles alimentaires “avec signes de gravité”, une addiction ou des problématiques lourdes en sont exclus. Cette hiérarchisation des souffrances est inacceptable.
De plus, ce dispositif place les psychologues cliniciens sous hiérarchie médicale – les séances devant être prescrites par un médecin, un psychiatre ou, maintenant, une sage-femme. Il ne respecte pas le code de déontologie de notre profession : l’accès libre et direct à un psychologue n’est plus garanti. On ne peut pas consulter le professionnel de son choix [seuls 2 200 psychologues conventionné·es ont rejoint le dispositif, ndlr]… Le cadre thérapeutique n’est pas non plus respecté : on est dans un
protocole standardisé, sur huit séances, qui ne tient pas compte des besoins de la personne.
C’est pour ça qu’avec notre collectif, qui réunit 8 600 psychologues, nous militons pour le boycott et l’abrogation de ce dispositif. Nous n’accepterons jamais que la psychothérapie soit transformée en une pratique ubérisée, standardisée, à bas coût. »