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© Pratik Gupta / Unsplash

Quand les applis de ren­contre per­mettent de reprendre les rênes de son désir après une longue relation

Quitter son couple pour se retrou­ver… sur les appli­ca­tions de ren­contre. Trois femmes témoignent auprès de Causette de la manière dont Tinder et consorts leur ont per­mis de se décou­vrir, per­son­nel­le­ment et sexuel­le­ment, après de longues relations.

It's rai­ning men ! Dans Iris et les Hommes, sor­ti début jan­vier au ciné­ma, la pétillante Laure Calamy incarne une qua­dra­gé­naire qui découvre les joies des appli­ca­tions de ren­contre : alors qu’elle s’ennuie ferme dans son couple, elle reprend les rênes de son désir et de sa vie sexuelle à tra­vers de mul­tiples rendez-​vous. Au-​delà de la fic­tion, Tinder, Bumble et com­pa­gnie aident-​ils vrai­ment à se décou­vrir et à ravi­ver sa libi­do après une longue rela­tion ? Trois femmes qui se sont ins­crites sur de telles appli­ca­tions après une rup­ture se confient à Causette.

Lisa*, 37 ans

“En 2019, après onze ans de vie com­mune avec mon com­pa­gnon, nous nous sommes sépa­rés. Deux mois après notre rup­ture, je me suis ins­crite sur Tinder afin de pas­ser à autre chose. Mais, au début, je ne pen­sais pas ren­con­trer quelqu’un : je suis plu­tôt réser­vée et j’avais subi une grosse perte de confiance après ma séparation. 

Après avoir dis­cu­té avec un homme plus jeune – il avait 25 ans et moi 33 ans à l’époque –, nous nous sommes vus et nous avons enta­mé une rela­tion libre, incom­pa­rable au niveau du sexe avec ce que j’avais connu pré­cé­dem­ment. Je n’avais pas peur de son juge­ment, il me met­tait à l’aise, me valo­ri­sait et me pous­sait à expé­ri­men­ter des choses nou­velles. J’ai pu décou­vrir une autre par­tie de moi et me rendre compte de ce que j’appréciais vrai­ment sexuel­le­ment. Dans ma pré­cé­dente rela­tion, une rou­tine s’était ins­tal­lée et je n’avais jamais eu l’occasion d’explorer ce qui me plai­sait. Mon ex-​compagnon était tou­jours prompt à por­ter des juge­ments, dans tous les domaines, ce qui ren­dait dif­fi­cile toute ten­ta­tive d’innovation. J’avais peur de son regard.

Nous avons déci­dé de mettre fin à cette rela­tion libre au bout de quelques mois, parce qu'on avait l'impression d'en avoir fait le tour. Mais cet homme a été extrê­me­ment impor­tant pour moi et dans mon évo­lu­tion sur un plan per­son­nel. J'ai ren­con­tré d'autres gar­çons sur Tinder, tou­jours plus jeunes que moi, avec les­quels j'ai eu de courtes aven­tures. Au fur et à mesure, ces moments fugaces m'ont per­mis de mettre de côté mes com­plexes et de m'affirmer, y com­pris sexuel­le­ment. L'application ren­dait les ren­contres plus simples, je pou­vais avoir plu­sieurs rendez-​vous par semaine avec des hommes différents. 

Un jour, j'ai fina­le­ment ren­con­tré l'homme avec qui je par­tage désor­mais ma vie. Il est ouvert d'esprit et me laisse être moi-​même. Nous sommes pac­sés, pro­prié­taires et nous avons le pro­jet d'avoir un enfant.”

À lire aus­si I Tinder a dix ans : la revanche des applis de slow dating a‑t‑elle sonné ?

Alice, 40 ans

“Quand je me suis lan­cée sur les appli­ca­tions de ren­contre en 2022, après dix ans de rela­tion et huit mois où mon ex-​compagnon est res­té chez moi, je le fai­sais un peu à recu­lons : j'étais pleine de pré­ju­gés et je crai­gnais de faire de mau­vaises ren­contres. Après ma rup­ture, j'ai d'abord pris le temps de voir si je ren­con­trais quelqu'un dans la vraie vie, et j'ai repris contact avec des amis. Mais après un énième week-​end seule chez moi, j'ai pas­sé le cap, non sans avoir récol­té les avis de quelques proches. 

Au début, la vitesse avec laquelle fonc­tionne l’application m’a paru ver­ti­gi­neuse. J’ai immé­dia­te­ment dis­cu­té avec deux-​trois gar­çons et déci­dé de ren­con­trer celui qui avait ma pré­fé­rence. Malgré la dis­tance, nous avons réus­si à nous voir. Après dix ans d’une vie intime peu inté­res­sante, j’ai expé­ri­men­té une rela­tion sexuelle incroyable et ça a été la révé­la­tion : le pro­blème ne venait ni de moi ni de mon ex. On m’avait même diag­nos­ti­qué un vagi­nisme qui pou­vait expli­quer cette absence de plai­sir entre lui et moi. Mais en fait, je pense qu’il s’agissait sim­ple­ment d’une inadé­qua­tion de nos deux corps. Même en dis­cu­tant, nous n’avons jamais réus­si à trou­ver notre zone de désir et de plai­sir réci­proque. Avec cet homme ren­con­tré vir­tuel­le­ment, nous avons eu un deuxième rendez-​vous : il était ado­rable, atten­tion­né et tendre. Tout ce dont j’avais besoin. Il a ensuite sou­hai­té s’arrêter, ce que j’ai res­pec­té. J’ai donc conti­nué mon explo­ra­tion des appli­ca­tions de ren­contre. J’ai vu un autre homme et, là aus­si, j’ai pris mon pied. Nous nous sommes tour­nés autour quelque temps, ce qui m’a per­mis de reprendre en confiance en beau­coup de choses. 

Aujourd’hui, je fais une pause sur les applis. Mais ces deux rela­tions sans len­de­main m’ont per­mis de décou­vrir com­ment prendre du plai­sir, écou­ter son désir, apprendre à appré­cier des pra­tiques sexuelles incon­nues… J’ai eu de la chance de me retrou­ver avec des par­te­naires res­pec­tueux et que tout se soit dérou­lé à mon rythme. Cela m’a confor­tée dans l’idée de suivre mes intuitions.”

Violaine*, 24 ans

“J’ai quit­té mon copain en juillet 2023, après trois ans et demi de rela­tion, car je ne l’aimais plus et que je sou­hai­tais me décou­vrir davan­tage : je dési­rais sor­tir d’une forme de dépen­dance affec­tive et d’une vali­da­tion mas­cu­line. Je me sen­tais moi-​même dans mon couple, mais aus­si res­treinte dans mes envies qui ne ren­traient pas dans une rela­tion exclusive.

J’ai ins­tal­lé plu­sieurs appli­ca­tions et ren­con­tré des hommes comme des femmes. La pre­mière fois que j’ai vu un gar­çon par ce biais-​là, j’étais un peu stres­sée, mais je me suis rapi­de­ment sen­tie à l’aise. Au cours de mes rendez-​vous, je tom­bais par­fois sur des per­sonnes qui ne vou­laient qu’une rela­tion sexuelle, sans dévoi­ler leur per­son­na­li­té ou des sen­ti­ments, et sur d’autres qui venaient sans prise de tête et aspi­raient à voir où ça les mène­rait. J’ai l’impression que toutes et tous avaient néan­moins une volon­té de per­for­mer socia­le­ment, de paraître par­faits. De mon côté, j’ai réus­si à prendre confiance en moi, à explo­rer au cours des rela­tions sexuelles mes envies, à com­prendre ce que j’aimais ou non, ce qui me fai­sait fan­tas­mer, ou au contraire les choses que je refu­sais de faire. D’une cer­taine manière, j’ai appris à désa­cra­li­ser les rap­ports sexuels, à ne plus me juger phy­si­que­ment et dans mon com­por­te­ment. J’ai eu de bonnes expé­riences et des nulles : mine de rien, cela per­met de relativiser.

Aujourd’hui, je suis tou­jours sur les appli­ca­tions de ren­contres. J’arrive désor­mais à dis­tin­guer les per­sonnes saines des toxiques, celles qui m’intéressent réel­le­ment ou non, et sur un plan per­son­nel, à struc­tu­rer mes sen­ti­ments. Je sais ce que je veux don­ner de moi, com­ment et à qui.”

* Les pré­noms ont été modifiés.

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