Quitter son couple pour se retrouver… sur les applications de rencontre. Trois femmes témoignent auprès de Causette de la manière dont Tinder et consorts leur ont permis de se découvrir, personnellement et sexuellement, après de longues relations.
It's raining men ! Dans Iris et les Hommes, sorti début janvier au cinéma, la pétillante Laure Calamy incarne une quadragénaire qui découvre les joies des applications de rencontre : alors qu’elle s’ennuie ferme dans son couple, elle reprend les rênes de son désir et de sa vie sexuelle à travers de multiples rendez-vous. Au-delà de la fiction, Tinder, Bumble et compagnie aident-ils vraiment à se découvrir et à raviver sa libido après une longue relation ? Trois femmes qui se sont inscrites sur de telles applications après une rupture se confient à Causette.
Lisa*, 37 ans
“En 2019, après onze ans de vie commune avec mon compagnon, nous nous sommes séparés. Deux mois après notre rupture, je me suis inscrite sur Tinder afin de passer à autre chose. Mais, au début, je ne pensais pas rencontrer quelqu’un : je suis plutôt réservée et j’avais subi une grosse perte de confiance après ma séparation.
Après avoir discuté avec un homme plus jeune – il avait 25 ans et moi 33 ans à l’époque –, nous nous sommes vus et nous avons entamé une relation libre, incomparable au niveau du sexe avec ce que j’avais connu précédemment. Je n’avais pas peur de son jugement, il me mettait à l’aise, me valorisait et me poussait à expérimenter des choses nouvelles. J’ai pu découvrir une autre partie de moi et me rendre compte de ce que j’appréciais vraiment sexuellement. Dans ma précédente relation, une routine s’était installée et je n’avais jamais eu l’occasion d’explorer ce qui me plaisait. Mon ex-compagnon était toujours prompt à porter des jugements, dans tous les domaines, ce qui rendait difficile toute tentative d’innovation. J’avais peur de son regard.
Nous avons décidé de mettre fin à cette relation libre au bout de quelques mois, parce qu'on avait l'impression d'en avoir fait le tour. Mais cet homme a été extrêmement important pour moi et dans mon évolution sur un plan personnel. J'ai rencontré d'autres garçons sur Tinder, toujours plus jeunes que moi, avec lesquels j'ai eu de courtes aventures. Au fur et à mesure, ces moments fugaces m'ont permis de mettre de côté mes complexes et de m'affirmer, y compris sexuellement. L'application rendait les rencontres plus simples, je pouvais avoir plusieurs rendez-vous par semaine avec des hommes différents.
Un jour, j'ai finalement rencontré l'homme avec qui je partage désormais ma vie. Il est ouvert d'esprit et me laisse être moi-même. Nous sommes pacsés, propriétaires et nous avons le projet d'avoir un enfant.”
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Alice, 40 ans
“Quand je me suis lancée sur les applications de rencontre en 2022, après dix ans de relation et huit mois où mon ex-compagnon est resté chez moi, je le faisais un peu à reculons : j'étais pleine de préjugés et je craignais de faire de mauvaises rencontres. Après ma rupture, j'ai d'abord pris le temps de voir si je rencontrais quelqu'un dans la vraie vie, et j'ai repris contact avec des amis. Mais après un énième week-end seule chez moi, j'ai passé le cap, non sans avoir récolté les avis de quelques proches.
Au début, la vitesse avec laquelle fonctionne l’application m’a paru vertigineuse. J’ai immédiatement discuté avec deux-trois garçons et décidé de rencontrer celui qui avait ma préférence. Malgré la distance, nous avons réussi à nous voir. Après dix ans d’une vie intime peu intéressante, j’ai expérimenté une relation sexuelle incroyable et ça a été la révélation : le problème ne venait ni de moi ni de mon ex. On m’avait même diagnostiqué un vaginisme qui pouvait expliquer cette absence de plaisir entre lui et moi. Mais en fait, je pense qu’il s’agissait simplement d’une inadéquation de nos deux corps. Même en discutant, nous n’avons jamais réussi à trouver notre zone de désir et de plaisir réciproque. Avec cet homme rencontré virtuellement, nous avons eu un deuxième rendez-vous : il était adorable, attentionné et tendre. Tout ce dont j’avais besoin. Il a ensuite souhaité s’arrêter, ce que j’ai respecté. J’ai donc continué mon exploration des applications de rencontre. J’ai vu un autre homme et, là aussi, j’ai pris mon pied. Nous nous sommes tournés autour quelque temps, ce qui m’a permis de reprendre en confiance en beaucoup de choses.
Aujourd’hui, je fais une pause sur les applis. Mais ces deux relations sans lendemain m’ont permis de découvrir comment prendre du plaisir, écouter son désir, apprendre à apprécier des pratiques sexuelles inconnues… J’ai eu de la chance de me retrouver avec des partenaires respectueux et que tout se soit déroulé à mon rythme. Cela m’a confortée dans l’idée de suivre mes intuitions.”
Violaine*, 24 ans
“J’ai quitté mon copain en juillet 2023, après trois ans et demi de relation, car je ne l’aimais plus et que je souhaitais me découvrir davantage : je désirais sortir d’une forme de dépendance affective et d’une validation masculine. Je me sentais moi-même dans mon couple, mais aussi restreinte dans mes envies qui ne rentraient pas dans une relation exclusive.
J’ai installé plusieurs applications et rencontré des hommes comme des femmes. La première fois que j’ai vu un garçon par ce biais-là, j’étais un peu stressée, mais je me suis rapidement sentie à l’aise. Au cours de mes rendez-vous, je tombais parfois sur des personnes qui ne voulaient qu’une relation sexuelle, sans dévoiler leur personnalité ou des sentiments, et sur d’autres qui venaient sans prise de tête et aspiraient à voir où ça les mènerait. J’ai l’impression que toutes et tous avaient néanmoins une volonté de performer socialement, de paraître parfaits. De mon côté, j’ai réussi à prendre confiance en moi, à explorer au cours des relations sexuelles mes envies, à comprendre ce que j’aimais ou non, ce qui me faisait fantasmer, ou au contraire les choses que je refusais de faire. D’une certaine manière, j’ai appris à désacraliser les rapports sexuels, à ne plus me juger physiquement et dans mon comportement. J’ai eu de bonnes expériences et des nulles : mine de rien, cela permet de relativiser.
Aujourd’hui, je suis toujours sur les applications de rencontres. J’arrive désormais à distinguer les personnes saines des toxiques, celles qui m’intéressent réellement ou non, et sur un plan personnel, à structurer mes sentiments. Je sais ce que je veux donner de moi, comment et à qui.”
* Les prénoms ont été modifiés.