Selon une étude parue ce 7 février, plus de la moitié des enfants interrogé·es déclarent avoir augmenté leur consommation d’écrans depuis le début de la crise sanitaire.
Confiné·es ou partiellement renvoyé·es à la maison en raison du protocole sanitaire mis en place dans les écoles, les enfants ont passé plus de temps sur les écrans qu’avant la pandémie de Covid-19. Plus de la moitié des enfants (53%) et plus de quatre parents sur dix (44%) déclarent, en effet, avoir augmenté leur consommation d’écrans depuis le début de la crise sanitaire, selon l’étude Ipsos réalisée pour l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique et l’Union nationale des associations familiales (Unaf), publiée ce lundi 7 février.
« La crise sanitaire a accéléré la croissance du temps d’écran au sein des familles. Des évolutions qui sont amenées à durer dans le temps », synthétise l’étude réalisée entre le 9 et le 22 juillet 2021, sur Internet auprès de 2 012 parents et 600 enfants âgé·es de 7 à 17 ans – un échantillon représentatif des foyers français.
« Les parents ont trouvé dans les outils numériques des usages positifs, pour des raisons d’organisation de la vie familiale »
Olivier Gérard, l'un des coordinateurs de l’Unaf,
Entre 2019 – date de la dernière étude réalisée sur le sujet – et 2021, les enfants ont connu une augmentation de l’utilisation de quasiment l’ensemble des écrans. L’étude pointe une augmentation de 23% pour la tablette numérique, 11% pour le smartphone, 6 % pour l’ordinateur, 8 % pour la télévision qui reste toujours l’écran le plus utilisé. Seule la console de jeux vidéo a, elle, baissé de 6%. « Les parents ont trouvé dans les outils numériques des usages positifs, pour des raisons d’organisation de la vie familiale », analyse Olivier Gérard, l'un des coordinateurs de l’Unaf, dans un article de France Info. Olivier Gérard évoque notamment le télétravail, l’école à la maison ou encore le maintien du lien pendant le premier confinement.
L’enquête pointe un fait considéré comme « inquiétant ». Les sondeur·ses ont demandé aux parents combien de temps leurs enfants passent sur les écrans selon elles·eux. Le résultat montre que les parents ont tendance à sous-estimer la consommation des écrans de leurs enfants de 23% sur une semaine en moyenne. L’écart le plus grand concerne les 7–10 ans qui passent quasiment trois fois plus de temps devant un écran que ce que pensent leurs parents (37 minutes contre 1h26 dans la réalité.) Selon les parents interrogé·es, 9% des 7–10 ans se rendent sur les réseaux sociaux, alors que les enfants de cette tranche d’âge déclarent être 28% à le faire selon l’étude.
43% des moins de deux ans utilisent Internet
L’étude alerte sur la consommation d’écran chez les tout-petits. Selon les parents, 43% des enfants âgé·es de 0 à 2 ans utilisent Internet via l'appareil numérique de leurs parents, 26% d’entre elles·eux pour y regarder des vidéos de courte durée. Une surexposition qui entraîne des risques pour le développement du cerveau et la santé physique rappelait le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) en 2018 qui préconise d’éviter les écrans avant trois ans. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande, elle, moins d’une heure d’exposition aux écrans par jour pour les enfants âgé·es de un à quatre ans.
L’âge du premier appareil numérique a également avancé depuis 2019. Les enfants ont désormais dix ans et demi lorsqu’iels reçoivent leur premier appareil numérique, qu'il s'agisse d'un téléphone portable, d'une tablette ou d'une console de jeux. Si l’on ne prend que le téléphone portable, l’année dernière une étude de Médiamétrie fixait l’âge moyen d’acquisition du premier à 9 ans et 9 mois.
Du côté des parents, plus de la moitié d’entre elles et eux considéraient en 2019 qu’un téléphone portable est indispensable dès la 6ème, soit l’âge de 11 ans environ. Une estimation qui n’a pas changé depuis 2017 selon l’Unaf. Pour les parents interrogé·es,, il faut en revanche attendre 13 ans pour que leurs enfants possèdent un smartphone connecté à internet.
Conséquences néfastes
L’étude de l’Unaf pointe un nombre d’effets néfastes rapportés par les enfants interrogé·es. À force d’être sur les écrans, iels sont 43 % à rapporter des maux de têtes, 42% à avoir des difficultés d’endormissement et 39% à souffrir de la passivité. Au-delà des conséquences physiques, l’enquête note que 5% des enfants déclarent avoir été victimes de cyberharcèlement. « Les parents ne connaissent pas bien ce que font les enfants avec les outils numériques », explique Olivier Gérard à France Info. Selon l’un des coordinateurs de l’Unaf, « le premier enjeu est que les parents s’intéressent, comprennent et connaissent les pratiques de leur enfant en ligne ». Il leur conseille pour cela de « fixer des règles et des limites mais aussi de discuter avec eux ».
Mais si 77% des parents répondant·es de l’enquête admettent passer déjà trop de temps devant leur écrans, iels estiment qu’ils vont continuer d’augmenter le temps consacré aux écrans dans leur famille. « Les écrans ont trouvé une place au sein de la famille et c’est difficile de revenir en arrière », conclut Olivier Gérard.