Femmes célibataires, presque quadragénaires, mais aussi plus jeunes, asexuelles… Deux ans après l'ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux célibataires en France, les professionnel·les de santé rencontrent des profils de demandeuses diversifiés.
Depuis la promulgation de la loi bioéthique en 2021, ouvrant la PMA aux couples de femmes et aux célibataires en France, des milliers d'entre elles se lancent dans l'aventure, souvent célibataires et proches de la quarantaine, mais aussi parfois plus jeunes, animées par la volonté de séparer couple et maternité.
En deux ans, la demande de PMA a été multipliée par huit, entraînant un allongement des délais d'attente, selon l'Agence de la biomédecine, en pleine campagne de communication pour recruter de nouveaux donneur·ses de gamètes.
L'organisme a été surpris par la "proportion très forte" de femmes seules parmi les candidates à la PMA : elles représentaient 40% des 6200 personnes en attente de la procédure, fin mars 2023, contre 41% de femmes en couple homosexuel et 19% en couple hétérosexuel.
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"Une révolution"
À l'hôpital Tenon, à Paris, la proportion de femmes célibataires parmi les demandeuses est encore plus élevée. Elles ont été plus de 800 à se manifester en 2022, contre 299 femmes en couple avec une femme et 76 en couple avec un homme.
"Nous nous sommes vite rendu compte que ce n'était pas une évolution, mais une révolution", commente Pr Rachel Levy, cheffe du service de Biologie de la reproduction-Cecos de l'hôpital Tenon. L'établissement a d'ailleurs mis en place des groupes de parole dédiés aux femmes seules candidates à la maternité afin qu'elles puissent "s'informer" et "rencontrer des personnes vivant le même parcours" qu'elles.
À noter, ces femmes seules sont plus âgées en moyenne (37,3 ans), que celles en couple hétérosexuel (34,5 ans).
Des profils diversifiés
Plus surprenant, des femmes jeunes souhaitent également se lancer dans cette aventure en solo. La loi les autorisent à recourir à la PMA dès 18 ans et jusqu'à 45 ans. "Nous discutons beaucoup entre professionnels des demandes qui nous interpellent, celles par exemple de femmes très jeunes, à peine sorties de l'adolescence", parfois très mûres dans leur projet mais pas toujours, précise Bérengère Ducrocq, présidente du Centre d'étude et de conservation des oeufs et du sperme humain (Cecos) de Lille.
Femmes jeunes, vierges, asexuelles… Pour Margaux Gandelon, présidente de l'association Mam'ensolo, les profils des femmes seules sont "plus divers que ce à quoi les professionnels s'attendaient". "Les femmes asexuelles, par exemple, sont souvent plus jeunes car elles ne se projettent pas dans le couple", explique-t-elle.
Les femmes jeunes ne sont toutefois pas toujours bien reçues par les professionnels de santé, quelques centres refusent même de donner rendez-vous aux moins de 29 ans, alerte l'association qui a reçu des témoignages en ce sens. Pour avoir quand même un enfant, elles vont alors "passer par d'autres circuits, soit partir à l'étranger, soit se tourner vers l'insémination artisanale", en demandant un don de spermatozoïdes à un particulier, "avec tous les risques sécuritaires, sanitaires et juridiques que cela comporte", conclut Margaux Gandelon.
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