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Les dents, pipi et au lit !

Une ques­tion de môme embar­ras­sante ? Des élé­ments de réponse, à des­ti­na­tion des parents… et de leurs marmots. 

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1. Le som­meil, c'est la vie

Tu sais, on a tous et toutes besoin de dor­mir. Ce n’est pas pour rien si le som­meil occupe un tiers de la vie des adultes et la moi­tié de celle des enfants ! C’est essen­tiel pour que notre orga­nisme puisse fonc­tion­ner. Et plus on est petit, plus on a besoin d’avoir sa dose : entre 6 et 12 ans, un·e enfant doit dor­mir de 10 à 11 heures pour être en bonne san­té. Pourtant, vous dor­mez de moins en moins, les mar­mots. En 2017, trois chercheur·ses français·es ont mené une enquête auprès de 778 enfants âgé·es de 5 à 10 ans. Leur constat est qu’en quinze ans les enfants ont per­du, en moyenne, 20 minutes de som­meil par nuit.
Le sujet pré­oc­cupe de plus en plus les spé­cia­listes, qui évoquent aujourd’hui un « pro­blème
de san­té publique »
. Pas éton­nant, donc, que tes parents veuillent que tu te couches tôt.

2. Dur dur d'aller au lit

Bon, entre nous, tu es loin d’être la seule à râler quand il est l’heure d’aller au lit… C’est même un grand clas­sique. « Globalement, les enfants n’ont pas envie de se cou­cher tôt, sur­tout lorsqu’ils arrivent en pri­maire, qu’ils com­mencent à prendre goût à la vie sociale, fami­liale… Eux auraient envie de par­ta­ger ce moment d’échange et ils vivent sou­vent cette injonc­tion comme une exclu­sion », confirme la psy­chiatre Marie Rose Moro. Alors oui, je sais, ce n’est pas tou­jours simple de quit­ter le monde du jour pour celui de la nuit et on aime­rait repous­ser ce moment (c’est pareil pour plein d’adultes, hein). Mais si tu allais te cou­cher un jour à 20 h 30, un autre à minuit et le sui­vant à 22 heures, tu fini­rais par avoir bien du mal à t’endormir. C’est pour ça que tes parents t’imposent une heure de cou­cher. Et puis, soyons hon­nêtes : on a beau vous aimer énor­mé­ment, le soir, on a aus­si besoin de souf­fler et de se retrou­ver entre adultes.

3. Une obses­sion française

Il faut quand même que je te dise un truc : si tous les enfants ont besoin de dor­mir, tous et toutes ne sont pas obligé·es d’aller au lit avec les poules. « Coucher les enfants tôt n’est pas du tout une règle uni­ver­selle. Avec les États-​Unis, la France est sans doute l’un des endroits dans le monde où l’on couche les enfants le plus tôt », explique Marie Rose Moro, qui a notam­ment écrit Aimer ses enfants ici et ailleurs. Histoires trans­cul­tu­relles*. Pas de bol, hein ? Chez nous, cou­cher les enfants tôt est non seule­ment une habi­tude cultu­relle, mais aus­si une norme sociale très forte. Et c’est en par­tie lié à l’organisation de notre socié­té, où l’école com­mence à 8 h 30. « Les ins­ti­tu­tions ne s’adaptent pas for­cé­ment au rythme des enfants. En fait, on adapte les enfants aux ins­ti­tu­tions », observe Marie Rose Moro. Tu connais la chan­son : « Demain, y a école ! »

* Éd. Odile Jacob, 2007.

4. Oiseaux de nuit

Ailleurs, on trouve nor­mal que les enfants veillent aus­si tard que leurs aîné·es. En 2002, deux anthro­po­logues amé­ri­caines ont rap­por­té que, chez les Efe, des chasseurs-​cueilleurs de la République démo­cra­tique
du Congo, petits et grands « res­tent éveillés aus­si long­temps que quelque chose d’intéressant – une conver­sa­tion, de la musique, de la danse – se passe ». Chez
les Balinais (Philippines), lors de cer­taines fêtes, les enfants doivent même « apprendre à res­ter éveillés comme les adultes ». Lorsqu’elle vivait en Argentine, la jour­na­liste amé­ri­caine Mei-​Ling Hopgood n’en reve­nait pas de croi­ser tant d’enfants le soir dans les rues et les res­tos (qui n’ouvrent pas avant 21 heures). « Quand il y a école, [ils] se couchent plus tôt, quoiqu’à des heures impen­sables ailleurs », souligne-​t-​elle dans un livre*. Et les petit·es Argentin·es ne s’en portent pas plus mal.

* Comment les Eskimos gardent les bébés au chaud, Mei-​Ling Hopgood. Éd. Marabout, 2015.

5. Précieux dodo

S’il y a une chose sur laquelle les parents sont d’accord à tra­vers le monde, c’est que le som­meil des enfants, c’est impor­tant. Même si, d’une culture à l’autre, ce n’est pas for­cé­ment pour les mêmes rai­sons. C’est ce
qu’explique la psy­chiatre Marie Rose Moro, qui est spé­cia­liste des ques­tions inter­cul­tu­relles : « En Occident, on voit le som­meil comme un besoin phy­sio­lo­gique des enfants. Mais dans plein d’autres endroits, on consi­dère avant tout la nuit comme un moment un peu sacré, où l’enfant est en rela­tion avec le monde invi­sible. » Quelle que soit leur culture, les parents apprennent donc à leurs enfants à appri­voi­ser les nuits (ici en leur racon­tant des his­toires, ailleurs en fai­sant des veillées, des prières ou des petits rituels) et on pro­tège leur som­meil. « Partout, fina­le­ment, on consi­dère que le som­meil des enfants est pré­cieux, pour­suit Marie Rose Moro. C’est ça, au fond, la com­po­sante uni­ver­selle. » Allez, main­te­nant… au lit !

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