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© Khoa Pham

Le gou­ver­ne­ment mise sur les mai­sons de naissance

MISE À JOUR – 23/​10/​2020 : les dépu­tés ont voté ce 23 octobre en faveur du déve­lop­pe­ment des mai­sons de nais­sance. Le texte adop­té par l’Assemblée pré­voit la créa­tion de douze nou­velles struc­tures en deux ans.


Expérimentées en France depuis 2015, les mai­sons de nais­sance devraient être péren­ni­sées par la Loi de finan­ce­ment de la Sécurité sociale de 2021. Dans ce pro­jet de loi, le gou­ver­ne­ment affirme éga­le­ment sa volon­té d’en déployer davan­tage sur le territoire.

Alors que l’expérimentation des mai­sons de nais­sance était cen­sée prendre fin en novembre pro­chain, le ministre de la Santé Olivier Véran a annon­cé, mar­di 29 sep­tembre, à l’occasion de la pré­sen­ta­tion du pro­jet de Loi de finan­ce­ment de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2021, vou­loir les péren­ni­ser et les déployer. Gérées par des sages-​femmes, les mai­sons de nais­sance pro­posent un cadre plus inti­miste et moins médi­ca­li­sé que l’hôpital, et un accou­che­ment plus enca­dré qu’à domicile.

L’histoire des mai­sons de nais­sance en France ne date pas d’aujourd’hui. En 1999 déjà, plu­sieurs pro­jets étaient sur le point de voir le jour avant d’être fina­le­ment aban­don­nés par le minis­tère de la Santé. Le prin­cipe de ces struc­tures est simple : pro­po­ser des accou­che­ments phy­sio­lo­giques, qui se déroulent le plus natu­rel­le­ment pos­sible, pour les femmes à bas risques. C’est en 2013 qu’une loi acte l’expérimentation du dis­po­si­tif sur le ter­ri­toire fran­çais. En 2015, neuf mai­sons de nais­sance sont auto­ri­sées à ouvrir, mais seules huit entrent fina­le­ment dans le dis­po­si­tif. Par ailleurs, elles doivent pour l’instant être implan­tées à proxi­mi­té d’un éta­blis­se­ment de san­té en cas de néces­si­té d’un trans­fert urgent.

« Maintenant il faut bâtir l’avenir. Il faut conti­nuer de tra­vailler avec les ARS pour trou­ver un modèle viable, notam­ment économique » 

Henny Jonkers, sage-​femme et cofon­da­trice de la mai­son Doumaïa, à Castres.

Si le texte du ministre de la Santé doit encore être adop­té par les par­le­men­taires, pour les sou­tiens de ces struc­tures alter­na­tives, il s’agit déjà d’une vic­toire. « On est sou­la­gé, confie Juliette Dassonville-​Leroy, sage-​femme à la mai­son de nais­sance Doumaïa, à Castres (Tarn). L’incertitude sur l’avenir des mai­sons de nais­sance, c’était aus­si une incer­ti­tude sur notre ave­nir. Cette annonce, c’est une joie, parce qu’on croit en ce qu’on fait ! On avait envie de rendre pos­sible cette offre de soins pour les femmes, qu’elles puissent avoir le choix d’accoucher ailleurs qu’en mater­ni­té si elles le sou­haitent. Plus il y a aura de visi­bi­li­té sur les mai­sons de nais­sance, plus les femmes pour­ront se dire qu’elles ont le droit d’accoucher ailleurs. » Mais la sage-​femme tar­naise reste sur ses gardes et attend de voir les moda­li­tés pres­crites pour le déploie­ment de ces mai­sons. Dans la même veine, Henny Jonkers, sage-​femme et cofon­da­trice de la mai­son Doumaïa, se féli­cite, mais reste pru­dente : « Si c’est voté, c’est un grand pas, et j’ai bon espoir, mais main­te­nant il faut bâtir l’avenir. Il faut conti­nuer de tra­vailler avec les ARS [Agence régio­nale de san­té, ndlr] pour trou­ver un modèle viable, notam­ment éco­no­mique. Et il faut conti­nuer de déve­lop­per nos par­te­na­riats avec les mater­ni­tés pour que per­sonne ne soit lésé. » 

Une demande croissante

« Les attentes des femmes quant à leur accom­pa­gne­ment pen­dant la gros­sesse et l’accouchement évo­luent, avec des aspi­ra­tions en par­ti­cu­lier en faveur d’une prise en charge plus “natu­relle”, davan­tage per­son­na­li­sée et appuyée sur une sage-​femme pré­sente tout au long de leur gros­sesse et de leur accou­che­ment », avance le gou­ver­ne­ment dans son PLFSS, pour jus­ti­fier la péren­ni­sa­tion des mai­sons de nais­sance. Olivier Véran estime ain­si que « les résul­tats qu’ont obte­nus ces struc­tures sont glo­ba­le­ment posi­tifs et [qu'on peut se] féli­ci­ter de l’offre com­plé­men­taire qu’elles apportent dans le pay­sage actuel ». Les chiffres ne disent pas autre chose, la demande est de plus en plus impor­tante dans toutes les mai­sons de nais­sance, cer­taines sont même contraintes de refu­ser la prise en charge de nou­velles patientes.

C’est le cas au CALM, l’historique mai­son de nais­sance pari­sienne, qui compte en moyenne 130 nais­sances par an, mais doit refu­ser deux tiers des demandes d’inscription, faute de place. « C’est l’aboutissement d’un très, très long com­bat, on appré­cie la recon­nais­sance accor­dée à la volon­té des femmes, note Margaux Dassieu, copré­si­dente du CALM. Mais nous res­tons très vigi­lantes sur les pre­miers chiffres annon­cés. Créer douze nou­velles mai­sons de nais­sance, ça ne serait pas assez au vu de la demande. »

Margaux Dassieu a elle-​même accou­ché de ses enfants au CALM. Désireuse d’éviter les hôpi­taux trop fré­quen­tés dans son enfance, elle a trou­vé dans l’accompagnement de la mai­son de nais­sance une séré­ni­té qui lui a don­né confiance et a déci­dé de se mobi­li­ser pour les pro­mou­voir. « C’est impor­tant que les usa­gères s’investissent, car c’est pour répondre à nos demandes de femmes que ces lieux sont là. » Selon un son­dage Ipsos, réa­li­sé en jan­vier 2020, près d’une femme sur cinq sou­haite ou aurait sou­hai­té de manière cer­taine un accou­che­ment en mai­son de nais­sance. Ce qui repré­sen­te­rait plus de 130 000 nais­sances par an.

Liste des mai­sons de nais­sance sur : Accoucher en mai­son de naissance.

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