Pour célébrer la journée du sport féminin, quelle meilleure idée que d'abonner votre fille à un magazine de sport spécial kids ? Il existe, et ça s'appelle À fond !
Ça n’existait pas et bien sûr qu’il fallait l’inventer ! Un magazine multisport bimestriel pour les 7–11 ans, c’est la belle idée qu’a eue Myriam Alizon, ancienne journaliste de L’Équipe, qui a reçu cette année le prix du média lors des Trophées de la Fondation Alice Milliat œuvrant pour la promotion du sport féminin. Causette s’est penchée sur le berceau de ce jeune confrère paru pour la première fois en septembre 2022 et intitulé À fond !, le mag des petits mordus de sport.
Causette : Lancer un magazine papier, quel que soit son thème, c’est risqué… Qu’est-ce qui vous a fait penser à ce créneau ?
Myriam Alizon : Je n’ai jamais compris pourquoi la presse jeunesse ne s’est jamais sérieusement intéressée au sport alors que le sport passionne beaucoup d’enfants. Il y a un tas de magazines spécialisés sur les sciences, les maths, l’histoire, le jardinage, la cuisine et rien sur le sport. J’ai décidé de le créer. J’ai lancé un bimestriel de 60 pages qui parle de sport, de tous les sports, aux 7–11 ans.
C. : Donc, il n’y a pas que du foot dans À fond ?
M. A. : Il y en a, évidemment, mais il est traité comme les autres sports. Les lecteurs du magazine pratiquent des sports très variés, en club ou à l’école, et ils sont très curieux·euses de tout. Comme j’ai une liberté éditoriale, j’ai choisi de proposer un magazine riche, intelligent, avec de belles photos de sport. Et surtout, un magazine attentif à la mixité. Dans A fond !, il y a autant de sportives que de sportifs.
C. : C’est assez peu courant dans la presse sportive ?
M. A. : C’est vrai. Les unes de L’Équipe sur le sport féminin se comptent sur les doigts des deux mains chaque année. Celles d’À fond ! sont équilibrées. D’ailleurs, la basketteuse internationale Marine Johannès est en couverture du numéro de janvier. J’avais parlé de ce choix avec un ancien collègue de L’Équipe ; il m’avait dit : « Tes lecteurs ne la connaissent pas, c’est risqué. Si tu parles de basket, mets plutôt Wembanyama en couv’ ». Peut-être que mes jeunes lecteurs ne la connaissaient pas mais ils l’ont découverte. Et le magazine s’est arraché en quinze jours… Marine Johannès a des fans partout dans le monde. J’ai envoyé des exemplaires au Japon, au Chili et aux États-Unis. Il faut oser, proposer des sujets, le sport féminin n’est pas un frein à la lecture. Le sport a tendance à être raconté par des hommes pour les hommes. Dans À fond !, on essaye de n’oublier personne.
C. : Pourquoi était-ce important pour vous de créer un magazine de sport qui ne soit pas réservé aux petits garçons ?
M. A. : Simplement parce que le sport n’est pas réservé aux garçons. Plein de filles s’intéressent au sport, font du sport, rêvent devant la Coupe du monde de rugby ou les Jeux olympiques. Il ne faut pas les oublier. Mais quand j’écris, que je réfléchis aux sujets, je ne me dis pas : « tiens, c’est un sujet pour filles ou pour garçons ». Je me demande juste s’il est intéressant ou comment le raconter pour qu’il le devienne. À fond ! s’adresse aux enfants qui aiment le sport. Ils s’habituent à voir des sportives occuper la même place que les sportifs. Cela paraît normal mais ce ne l’est pas. Je reçois des courriers d’enseignants et de parents qui se réjouissent de voir des sportives.
C. : Vous avez reçu un prix qui récompense cette initiative ?
M. A. : La Fondation Alice Milliat œuvre à la promotion du sport féminin. Chaque année, elle récompense des acteurs du sport. Le magazine a gagné le prix du média en octobre dernier. On succède à l’AFP, ce n’est pas si mal pour un « rookie » comme À fond !
À fond ! Le mag des petits mordus de sport, 60 pages, tous les 60 jours (bimestriel). Sur abonnement sur afondlemag.fr