
« Le gros touffu, le p’tit joufflu, le grand ridé, le mont pelé. Tout tout tout tout je vous dirai tout sur le zizi », chantait Pierre Perret en 1974. Ce tube, qui décrivait l’appareil masculin sous toutes ses coutures, on pourrait s’amuser à le reprendre aujourd’hui pour évoquer la forme des seins. Seul problème : l’idéal de la poitrine en demi-pomme, dotée de tétons capables de défier les lois de la gravité, continue de hanter l’imaginaire. À tel point que les nichons – les vrais – n’en finissent plus de se dissimuler derrière des coques en mousse, comprimés par des armatures en fer. « Quand ma fille avait 12 ans et demi, nous sommes allées lui acheter son premier soutien-gorge. Le seul modèle que la vendeuse a pu nous proposer était rembourré ! Du temps de ma propre adolescence, nous portions de petits triangles en coton… », enrage la philosophe féministe Camille Froidevaux-Metterie, qui publie ces jours-ci une étude sur les seins sous-titrée En quête d’une libération*. « C’est un signal aberrant qui insuffle l’idée que ces poitrines naissantes ne sont déjà pas suffisantes, qu’elles sont imparfaites avant même d’exister. De quoi inoculer aux adolescentes le virus de la détestation de soi et faire d’elles d’éternelles complexées. » Un « petit choc » personnel, point de départ de[…]