Depuis les années 2010, certains progestatifs se sont révélés favoriser l’apparition de ces méningiomes. Des patientes françaises atteintes de tumeurs cérébrales après la prise du progestatif Androcur demandent réparation par une action en justice qui vise à engager la responsabilité de l’État.
Deux requêtes enregistrées au tribunal administratif de Montreuil, en Seine-Saint-Denis,“visent à faire reconnaître la faute de l’Agence nationale de sécurité du médicament [ANSM], donc de l’État, dans ce scandale de santé publique majeure”, a expliqué Charles Joseph-Oudin, avocat de la partie requérante. “Trois autres requêtes seront déposées d’ici à la fin de la semaine prochaine” et d’autres suivront, a‑t-il ajouté, évoquant “cinquante expertises judiciaires individuelles déjà ordonnées”.
Les progestatifs sont des médicaments utilisés comme contraceptifs, dans le traitement de certaines pathologies gynécologiques (saignements utérins, endométriose…) ou dans le traitement hormonal substitutif de la ménopause et les parcours de procréation médicalement assistée.
Son cabinet assure gérer 450 dossiers concernant des femmes qui ont consommé de l’Androcur et d’autres progestatifs, Luteran et Lutenyl, respectivement autorisés sur le marché français en 1974 et 1983.
Maître Joseph-Oudin et l’association Amavea, qui regroupe neuf cents patientes atteintes de ces tumeurs cérébrales, des méningiomes, après la prise de progestatifs, cherchent à discuter avec le ministère de la Santé pour que soit mis en place “un dispositif d’indemnisation comme cela a été fait pour le Mediator et la Dépakine”, deux scandales sanitaires ayant entraîné la création de fonds d’indemnisation pour les victimes en France.
“Beaucoup de femmes dans l’association” n’ont “pas les moyens financiers de lancer ce genre de procédure”, certaines vivant des minima sociaux après une opération et des séquelles physiques et/ou cognitives, a‑t-elle souligné. D’autres “attendent de voir si cela va aboutir”. Les méningiomes sont des tumeurs des membranes qui entourent le cerveau. Elles sont parfois qualifiées de bénignes, non susceptibles de dégénérer en cancers mortels, mais peuvent provoquer de graves handicaps neurologiques. Depuis les années 2010, certains progestatifs se sont révélés favoriser l’apparition de ces méningiomes.
Des études menées par l’Assurance-maladie et le groupement d’intérêt scientifique Epi-Phare ont démontré que les traitements Androcur, Luteran et Lutenyl augmentent fortement le risque de méningiome. Ces résultats ont donné lieu à des recommandations d’utilisation et de surveillance par imagerie cérébrale chez les personnes utilisant ces médicaments, rappelle l’ANSM, qui ne commente cependant pas la procédure en cours.