Céline Vallot, chercheuse à l'Institut Curie tente de mettre au point des techniques de détection des anomalies annonciatrices des cancers au niveau cellulaire.
Elle plonge au cœur de milliers de cellules, en quête d’anomalies ou de “désordre”, qui pourraient annoncer une tumeur à venir. À la tête d’une équipe de recherche à l’Institut Curie (Paris), Céline Vallot tente d’anticiper les signes annonciateurs de cancers chez les femmes à risque – les scientifiques estiment que 5 à 10 % des cancers du sein sont liés à des anomalies génétiques connues, mais cette estimation pourrait à l’avenir être revue à la hausse.
Par une technologie dite en “cellule unique” (single cell, en anglais), les chercheur·euses “profilent” 5 000 à 10 000 cellules sur les millions d’un fragment de tissu. Cette année, son équipe a trouvé des premières anomalies sur des femmes ayant déjà un cancer : des tissus proches de la tumeur ou de l’autre sein sont apparus “porteurs de signaux de désordre”, avec des cellules commençant à “avoir une déviation de la normale”. Et “pour ces fameux cancers à prédisposition génétique, on commence à s’approcher d’une détection moléculaire” de signaux d’alerte, une perspective qui pourrait devenir réalité “dans un futur pas si lointain”, selon Céline Vallot. À terme, l’espoir est d’agir sur la cellule même, pour l’empêcher de “changer de costume” et de devenir cancéreuse.
Cette scientifique depuis l’enfance, titulaire d’une thèse en cancérologie, a fait une rencontre cruciale au cours de ses études : François Radvanyi, spécialiste de l’épigénétique des cancers. Elle s’est aussi intéressée à ce sujet “pour des raisons plus personnelles”, esquisse-t-elle dans le podcast de Canal Académies, et dit souhaiter “participer à cet effort de groupe pour faire avancer la recherche contre le cancer”. Rappelons que la campagne annuelle Octobre rose, pour lutter contre le cancer du sein, débute dans quelques jours à peine.
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