Face aux nombreux témoignages de patientes ayant reçu une prothèse vaginale, les professionnel·les de santé appellent à la mise en place d'un plan national pour réguler la pose de ces implants.
De nombreuses femmes témoignent de lourdes complications liées aux bandelettes contre l'incontinence ou la descente d'organes qu'on leur avait posées. Ces implants de renfort, ou implants vaginaux, sont des bandelettes en polypropylène de 4 cm censées empêcher le prolapsus et l'incontinence, notamment après l'accouchement. En France, la pose de ces implants concernerait environ 30 000 femmes par an, selon l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Les professionnel·les de santé français·es appellent désormais à légiférer sur ces implants pour garantir une prise en charge adéquate des patientes.
Difficultés à faire l'amour, à uriner, à marcher, ces prothèses vaginales entraîneraient, selon de nombreuses patientes, de terribles douleurs. Des maux renforcés par un milieu médical jusqu'ici peu investi. « J’ai parlé de mes douleurs à mon médecin plusieurs fois et, à chaque fois, il m’a dit que tout était normal. Je ne me suis pas sentie écoutée », racontait déjà en 2022 à Causette Florence*, à qui on a posé une bandelette sous-urétrale en 2015. Aujourd'hui, après "de nouveaux témoignages bouleversants qui viennent illustrer la sévérité des complications de ces dispositifs médicaux", le collège national des gynécologues et obstétriciens (CNGOF) appelle pour la première fois dans un communiqué, à "un plan national de prise en charge des troubles périnéaux".
Si depuis 2020, un décret est censé encadrer la pose des prothèses vaginales – assurant ainsi que la patiente soit informée des risques, un médecin expérimenté et la décision d'implanter prise par toute une équipe médicale -, il ne serait cependant en réalité pas respecté. 78 patientes ont d'ailleurs déposé plainte récemment et demandé l’interdiction de ces actes médicaux. Les bandelettes sont déjà bannies aux États-Unis depuis 2019 et viennent également de l’être au Royaume-Uni. Selon Michel Cosson, gynécologue à Lille interrogé par Le Parisien, il est en effet nécessaire de clarifier la réglementation : "On dit que les médecins qui posent ces implants doivent être formés et avoir de l’expérience : ça veut dire quoi ? La législation est floue". Le médecin souhaite par ailleurs qu’un seuil d’activité soit défini, et que lors de l'apparition de douleurs, les femmes ne restent pas seules et livrées à elles-mêmes.
Les urologues – association, conseil de l’ordre et syndicats – appellent également à la mise en place d’un plan national. En attendant, la semaine prochaine, une première réunion sera organisée entre des victimes et des médecins. "On ne peut accepter que des femmes vivent de tels cauchemars, affirme le docteur Michel Cosson. Nous demandons la création de centres de référence où elles seront prises en charge dans des délais corrects. Un registre national des patientes opérées et de leurs éventuelles complications devrait être obligatoire", conclut-il.
*Le prénom a été modifié