Depuis le renversement de l’arrêt Roe v. Wade, les mariages LGBT se multiplient aux États-Unis, dans un contexte où la Cour suprême pourrait aussi revenir sur ce droit fédéral.
Des mariages sans bague ni invité·es. Aux États-Unis, depuis que la très conservatrice Cour suprême est revenue fin juin sur l’arrêt Roe v. Wade garantissant le droit fédéral à l’avortement, les mariages gay et lesbiens se multiplient, par crainte que la haute juridiction américaine ne revienne aussi sur ce droit fédéral, rapporte The Guardian.
Des craintes fondées, car lorsque la Cour suprême a renversé son arrêt historique Roe v. Wade en juin laissant désormais aux États américain le soin de légiférer sur la question, le juge conservateur Clarence Thomas a suggéré que la haute juridiction pourrait également revenir sur le mariage homosexuel.
Un droit fédéral garantit depuis 2015
Ce catholique, farouchement opposé à l’avortement et aux droits LGBTQ+, avait à l’époque affirmé dans une opinion rédigée, sa volonté de « reconsidérer » certains arrêts. Parmi eux, Obergefell v. Hodges qui garantit le droit au mariage homosexuel dans tous les États-Unis depuis juin 2015. Dans son texte, Clarence Thomas déclarait que les arrêts garantissant les droits des personnes LGBTQ+ étaient « erronés » et que la Cour avait pour devoir de « corriger l’erreur » établie dans les précédents arrêts. À l’image de la révocation du droit fédéral à l’avortement, abroger l’arrêt Obergefell v. Hodges laisserait alors chaque État libre de décider de sa propre législation sur le mariage homosexuel.
« Trente-cinq États interdisent toujours le mariage homosexuel via une loi, un amendement à la Constitution de l’État, ou les deux », rappelle le Guardian. Et « si l’arrêt Obergefell était renversé, ces interdictions seraient susceptibles de reprendre. » C’est pour cette raison que de nombreux couples LGBT « n’attendent pas de savoir » si oui ou non, ce sera le cas et se précipitent désormais pour se marier, indique le quotidien britannique.
Tractactions intenses au Sénat sur la loi « Respect for Marriage Act »
Pour contrer les velléités du juge Thomas, une protection du mariage homo arrivera peut-être plus vite que prévu. Des négociations intenses étaient en effet en cours au Congrès américain ce 12 septembre autour de la question du mariage des couples de même sexe. Mi-juillet, la Chambre américaine des Représentants avait voté la loi « Respect for Marriage Act » visant à protéger les mariages homosexuels d’une potentielle révision par la Cour suprême. L’ensemble des démocrates ainsi que 47 républicain·es avaient soutenu le texte. Près de 160 républicain·es s’y étaient opposés.
Le « Respect for Marriage Act » doit désormais passer la difficile épreuve du Sénat la semaine prochaine : ses promoteur·rices démocrates doivent convaincre au moins dix élu·es républicains d’approuver la loi. Pour l’heure, seule la sénatrice républicaine Susan Collins s'est engagée à le faire. Depuis plusieurs semaines, elle travaille avec des élus démocrates, pour tenter de convaincre ses collègues conservateurs de se ranger à ses côtés.
Le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, a estimé ce lundi 12 septembre que les négociations sur ce texte étaient « fructueuses ». « Leur travail n’est pas encore terminé, et je les encourage à poursuivre leurs efforts » a‑t-il déclaré depuis l’hémicycle.
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