Cette nouvelle série française s’attaque au problème inquiétant du cyberharcèlement des ados… singulièrement des jeunes filles. Une fiction très réaliste réalisée par trois cinéastes différentes qui jouent à fond la carte de la diversité et de la proximité…
Frontale quoique pédago, Nudes ébranlera sans doute un public adulte ou peu averti, mais elle aidera peut-être les plus jeunes à ouvrir les yeux, à se protéger… ou à se sentir moins seul·es. Diffusée à partir du 1er février sur Prime Video, cette nouvelle série se propose de sonder sans ménagement le problème inquiétant du harcèlement en ligne des ados d’aujourd’hui – la fameuse “génération Z” –, cela à travers le portrait de trois d’entre eux·elles (un garçon et deux filles), chacun·e étant confronté·e., à sa façon, à un nude (une photo ou une vidéo de nu prise avec un smartphone). Les dix épisodes de cette fiction-dossier s’ordonnent donc en trois chapitres, qui, chaque fois, racontent une histoire distincte sous la houlette d’une nouvelle réalisatrice, histoire de varier les âges, les milieux, les situations… et les regards.
Premier segment, pris en charge par Andréa Bescond (Les Chatouilles) : on y suit Victor, un étudiant en médecine ambitieux et populaire (Baptiste Masseline, un peu crispé et crispant donc parfait), qui, lors d’une fête très alcoolisée, s’amuse à balancer sur les réseaux sociaux l’image dénudée d’une camarade de promo (et rivale) en plein ébats amoureux, avant de se révéler incapable, les jours suivants, d’assumer les conséquences de son geste. Deuxième segment, réalisé par Lucie Borleteau (Une chanson douce) : cette fois c’est Ada, une toute jeune collégienne vivant en milieu rural (Nelligan, totalement juste, fraîche et touchante), qui se retrouve au cœur d’une intrigue où s’active, dans l’ombre d’Internet, un pédocriminel d’autant plus redoutable qu’il la fréquente tous les jours sans qu’elle le sache. Troisième et dernier segment, dirigé par Sylvie Verheyde (Madame Claude, Stella est amoureuse) : nous voilà projeté·es dans le quotidien de Sofia (vibrante Léonie Dahan-Lamort), une brillante élève de terminale d’un lycée huppé parisien que ses origines (elle habite dans une cité en banlieue) et son orientation sexuelle (elle est amoureuse d’une fille) rendent atypique sinon vulnérable. Là encore, un nude de sa première fois avec ladite petite amie, méchamment balancé sur les réseaux lors d’une fête, va bouleverser sa vie…
Si proches et si troublants
Variés, soucieux de diversité (raciale, culturelle et sociale), ces trois volets frappent par leurs similitudes… malgré tout ! Adoptant chaque fois le point de vue de leur personnage principal (Victor, Ada et Sofia), ils témoignent tous d’une volonté de coller au plus près de la réalité adolescente, jouant même volontiers la carte de la proximité avec leur public cible, que ce soit au niveau des dialogues (le langage est manifestement celui des ados de 2024) ou des tubes qui composent la BO. Autre point de convergence entre ces trois chapitres, et celui-là est capital : toutes les victimes de ces nudes sont des jeunes filles (et ça n’est évidemment pas un hasard…).
Reste que les trois réalisatrices, qui ont toujours été soucieuses de lutter contre le sexisme dans leurs films, sont moins dans le jugement, ici, que dans la (tendre) mise en garde. Par-delà les différences de tons et de rythmes – le filmage d’André Bescond est parfois appuyé, tandis que ceux de Lucie Borleteau et Sylvie Verheyde privilégient la nuance –, cette succession de récits a le mérite, en tout cas, de poser de troublantes questions, notamment sur cette tendance qu’ont les moins de 25 ans à vivre leur désir par écran interposé…
![“Nudes” : une fiction pour mettre en garde la “génération Z” contre les pièges d’internet 2 Capture decran 2024 01 29 a 10.48.56 AM](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2024/01/Capture-decran-2024-01-29-a-10.48.56-AM-763x1024.png)
Nudes, réalisée par Andréa Bescond, Lucie Borleteau et Sylvie Verheyde. Série de 10 épisodes de 26 min. Sur Prime Video à partir du 1er février.