On l’a découverte en 2013 dans 2 automnes 3 hivers, beau film de Sébastien Betbeder. Depuis, elle teinte le cinéma français de sa grâce. On la retrouve dans Voltaire, mixte*, réjouissante série sur l’arrivée de filles dans un lycée jusque-là non mixte dans les années 1960.
![Maud Wyler : « J'essaie d'amener de la légèreté autour de moi » 1 maud wyler 0181 hd ma a](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2021/06/maud-wyler-0181-hd-ma-a-682x1024.jpg)
Causette : Les livres marquants de la « bibliothèque » de vos parents ?
Maud Wyler : Un livre, notamment, m’attirait pour sa couverture incroyable : Tristes Tropiques, de Claude Lévi-Strauss.Je volais des pages par-ci par-là. Ma mère était un peu hippie, donc on trouvait aussi le journal de Jim Morrison ou Les Portes de la perception, d’Aldous Huxley.
Les lieux de votre enfance ?
M. W. : Celui où j’ai grandi, une ferme dans les Yvelines. Je prenais mon vélo et je partais des heures entières jouer dans la nature autour. Dans les montagnes suisses l’été, où j’avais de la famille. Je partais seule la journée entière et je bouffais des myrtilles.
Avec qui aimeriez-vous entretenir une longue correspondance ?
M. W. : Je le fais déjà beaucoup, avec des amis. Par mail maintenant. Avec l’écriture, c’est comme si on déposait quelque chose différemment. On se raconte autrement. Mais sinon, avec la grande poétesse russe Marina Tsvetaieva. Ou Raspoutine.
Que faites-vous dans vos périodes de dépression ?
M. W. : J’essaie de transcender l’expérience, en essayant de voir de quoi elle est faite et d’apprivoiser ces zones plus sombres.
Que faites-vous dans vos périodes d’excitation ?
M. W. : J’ai envie de hurler à la lune, comme un loup. D’aller la nuit dehors. J’essaie d’amener de la légèreté autour de moi.
Votre remède contre la folie ?
M. W. : Ma fille. Bien qu’on ait l’air d’être tarées, parfois, quand on joue ensemble. Les enfants sont de bons garde-fous, de bons juges sur la vie.
Vous créez votre maison d’édition. Qui publiez-vous ?
M. W. : Mes amis qui sont un peu poètes. Notamment un, Stanislas Netter. C’est vraiment un acte de résistance de faire de la poésie aujourd’hui.
Vous tenez salon. Qui invitez-vous ?
M. W. : Rihanna. Mais sinon, tous ceux qui reviennent d’un long voyage, qui sont le fruit des migrations. Il faudrait ouvrir des salons entiers tant ils doivent avoir de choses à nous raconter et à nous apprendre.
Le secret d’un couple qui fonctionne ?
M. W. : La légèreté.
Si vous aviez une seule question à poser à Freud ?
M. W. : J’aurais envie d’être insolente avec lui. De lui demander : « Est-ce que tu m’aimes ? » De lui faire du Godard, genre « Je ne suis “un” femme, je suis “une” femme ».
Le deuil dont vous ne vous remettrez jamais ?
M. W. : Le silence de l’âme sœur. J’ai fait des grandes rencontres dans ma vie. Notamment une. Le silence qui s’est ensuivi quand ça s’est arrêté, je peux y penser tous les jours.
Que trouve-t-on de particulier dans votre « chambre à vous » ?
M. W. : J’aurais aimé que ma chambre à moi soit mobile et que je puisse la trimbaler partout avec moi. C’est cette zone de rêverie qui peut me protéger et me nourrir aussi. Mais ce que j’aime, c’est une chambre avec vue.
À quoi reconnaît-on un ami ?
M. W. : C’est quelqu’un qui me connaît presque mieux que moi-même.
Quel est le comble du snobisme ?
M. W. : Les gens qui ne vous regardent pas quand ils vous parlent.
Qu’est-ce qui occupe vos pensées « nuit et jour » ?
M. W. : L’amour.
Vous démarrez un journal intime. Quelle en est la première phrase ?
M. W. : Je n’ai plus aucun de mes journaux intimes. Une sombre histoire de déménagement. Alors j’écrirais : « Je ne sais pas trop comment je suis arrivée là, mais on va essayer de comprendre. »