Maud Wyler : « J'essaie d'amener de la légè­re­té autour de moi »

On l’a décou­verte en 2013 dans 2 automnes 3 hivers, beau film de Sébastien Betbeder. Depuis, elle teinte le ciné­ma fran­çais de sa grâce. On la retrouve dans Voltaire, mixte*, réjouis­sante série sur l’arrivée de filles dans un lycée jusque-​là non mixte dans les années 1960. 

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©Mark Bobo

Causette : Les livres mar­quants de la « biblio­thèque » de vos parents ? 
Maud Wyler : Un livre, notam­ment, m’attirait pour sa cou­ver­ture incroyable : Tristes Tropiques, de Claude Lévi-Strauss.Je volais des pages par-​ci par-​là. Ma mère était un peu hip­pie, donc on trou­vait aus­si le jour­nal de Jim Morrison ou Les Portes de la per­cep­tion, d’Aldous Huxley.

Les lieux de votre enfance ? 
M. W. : Celui où j’ai gran­di, une ferme dans les Yvelines. Je pre­nais mon vélo et je par­tais des heures entières jouer dans la nature autour. Dans les mon­tagnes suisses l’été, où j’avais de la famille. Je par­tais seule la jour­née entière et je bouf­fais des myrtilles.

Avec qui aimeriez-​vous entre­te­nir une longue cor­res­pon­dance ? 
M. W. : Je le fais déjà beau­coup, avec des amis. Par mail main­te­nant. Avec l’écriture, c’est comme si on dépo­sait quelque chose dif­fé­rem­ment. On se raconte autre­ment. Mais sinon, avec la grande poé­tesse russe Marina Tsvetaieva. Ou Raspoutine. 

Que faites-​vous dans vos périodes de dépres­sion ? 
M. W. : J’essaie de trans­cen­der l’expérience, en essayant de voir de quoi elle est faite et d’apprivoiser ces zones plus sombres. 

Que faites-​vous dans vos périodes d’excitation ? 
M. W. : J’ai envie de hur­ler à la lune, comme un loup. D’aller la nuit dehors. J’essaie d’amener de la légè­re­té autour de moi. 

Votre remède contre la folie ? 
M. W. : Ma fille. Bien qu’on ait l’air d’être tarées, par­fois, quand on joue ensemble. Les enfants sont de bons garde-​fous, de bons juges sur la vie.

Vous créez votre mai­son d’édition. Qui publiez-​vous ? 
M. W. : Mes amis qui sont un peu poètes. Notamment un, Stanislas Netter. C’est vrai­ment un acte de résis­tance de faire de la poé­sie aujourd’hui. 

Vous tenez salon. Qui invitez-​vous ?
M. W. : Rihanna. Mais sinon, tous ceux qui reviennent d’un long voyage, qui sont le fruit des migra­tions. Il fau­drait ouvrir des salons entiers tant ils doivent avoir de choses à nous racon­ter et à nous apprendre. 

Le secret d’un couple qui fonc­tionne ?
M. W. : La légè­re­té.

Si vous aviez une seule ques­tion à poser à Freud ? 
M. W. : J’aurais envie d’être inso­lente avec lui. De lui deman­der : « Est-​ce que tu m’aimes ? » De lui faire du Godard, genre « Je ne suis “un” femme, je suis “une” femme ».

Le deuil dont vous ne vous remet­trez jamais ? 
M. W. : Le silence de l’âme sœur. J’ai fait des grandes ren­contres dans ma vie. Notamment une. Le silence qui s’est ensui­vi quand ça s’est arrê­té, je peux y pen­ser tous les jours. 

Que trouve-​t-​on de par­ti­cu­lier  dans votre « chambre à vous » ?
M. W. : J’aurais aimé que ma chambre à moi soit mobile et que je puisse la trim­ba­ler par­tout avec moi. C’est cette zone de rêve­rie qui peut me pro­té­ger et me nour­rir aus­si. Mais ce que j’aime, c’est une chambre avec vue. 

À quoi reconnaît-​on un ami ? 
M. W. : C’est quelqu’un qui me connaît presque mieux que moi-même. 

Quel est le comble du sno­bisme ? 
M. W. : Les gens qui ne vous regardent pas quand ils vous parlent. 

Qu’est-ce qui occupe vos pen­sées « nuit et jour » ?
M. W. : L’amour. 

Vous démar­rez un jour­nal intime. Quelle en est la pre­mière phrase ? 
M. W. : Je n’ai plus aucun de mes jour­naux intimes. Une sombre his­toire de démé­na­ge­ment. Alors j’écrirais : « Je ne sais pas trop com­ment je suis arri­vée là, mais on va essayer de comprendre. »

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