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© BOYS BOYS BOYS Melting Productions-Take Five-ARTE France

Trois bonnes rai­sons de regar­der “Boys boys boys”

Sexualité, paternité, couple, identité de genre… Dans Boys boys boys, la nouvelle série documentaire d’animation d’Arte.tv, dix hommes racontent les chemins de traverse qu’ils ont pris face aux normes traditionnelles de la masculinité. Et ça fait du bien.

Ils s’appellent Walter, Arthur, Faruk ou Matti. Ils sont français, belges, suisses ou allemands. Chacun à leur manière, ils racontent comment, à un moment de leur vie, ils se sont affranchis des injonctions et des normes viriles qui les écrasaient. À travers dix épisodes de cinq minutes, poétiquement mis en images par Valentine Vendroux, ils s’ouvrent tour à tour sur leur sexualité, leur paternité, sur une relation amoureuse ou une amitié qui est venue faire vaciller leur rapport à cet idéal masculin écrasant. Voici trois bonnes raisons de vous plonger dans Boys boys boys, sur Arte.tv dès aujourd’hui.

Parce que c'est pas tous les jours qu’on entend des hommes faire leur introspection 

Si Boys, boys, boys traite certaines problématiques relativement attendues pour qui s’intéresse aux masculinités (le congé paternité, la contraception masculine…), elle donne aussi à entendre des témoignages singuliers, où se font jour des questions plus rarement abordées. Comme dans l’épisode C’est quoi un homme ami ?, où Arthur revient sur l’amitié, longtemps fusionnelle, qu’il a partagée avec Victor, son meilleur pote depuis le collège. Jusqu’au jour où, devenu adulte, il apprend que son ami a frappé sa copine et est accusé d’agressions sexuelles. Lui qui, ado, “rêvait d’une bande de mecs” – façon aussi de “cocher les cases de [sa] masculinité” – se retrouve alors à questionner cette bromance. “C’est quoi pardonner ? Est-ce que je suis un potentiel agresseur aussi ?” s’interroge Arthur. 

Dans C’est quoi être un homme racisé ?, c’est Faruk qui raconte comment, pour plaire à une fille, il s’est mis à “surjouer le cliché du mec turc”. En clair : des mecs qui seraient “passionnés quand ils embrassent, hyper jaloux, possessifs et surtout très virils”. Un rôle d’emprunt qui, après l’avoir mené au bord de l’implosion, lui a permis de faire son introspection, de “reconnaître [ses] erreurs” et d’exprimer ce qu’il attendait vraiment d’une relation. “Ce que je veux, aussi, c’est que ma partenaire ait conscience que je suis victime de racisme. Il faut faire du racisme un sujet de discussion dans nos relations.”

Parce que ça fait toujours plaisir de voir des hommes hacker le logiciel patriarcal

Sans être forcément militants, tous les protagonistes de Boys, boys, boys ont, à leur échelle, mené une petite révolution. Dans le cas de Werner, ce fut un bouleversement intime : après près de vingt ans d’union, pendant lesquels il s’était retranché dans le rôle du "chef de famille" insubmersible, son divorce l’a mené à revoir sa vision du couple et à renouer avec ses émotions. “J’ai réappris à pleurer à 50 ans”, souffle-t-il. 

Dans C’est quoi être un homme gay ?, Matti, lui, raconte comment un ex-amoureux lui a mis une pression d’enfer pour qu’il se montre plus viril. Couleurs des vêtements, gravité de la voix, gestuelle : rien ne devait laisser transparaître qu’il était gay. Jusqu’au jour où il a “réussi à s’échapper de cette relation”. Et, par la même occasion, de cette vision étriquée de la masculinité qui sévit aussi dans les milieux gays.

Et puis il y a Gaëtan qui, après deux déclics féministes successifs, s’est rendu compte qu’il n’avait jamais discuté “sérieusement” de sexualité. Alors, il a créé un cercle de discussions pro-féministe avec d’autres mecs. Une expérience qui lui a permis “de vivre quelque chose qui n’était pas de la camaraderie virile”, “d’interagir avec d’autres hommes dans un truc de soin et d’égard”… Imaginez un peu à grande échelle !

Parce que le féminisme n’est pas seulement l’affaire des femmes

En prenant leurs distances avec le modèle viril à la papa, les hommes qui témoignent ici ne se libèrent pas seulement des attentes sociales qui pèsent sur eux : ce faisant, ils contribuent aussi à faire avancer certaines revendications féministes. Quand Erwan raconte s’être mis au slip thermique contraceptif, il montre que oui, les hommes peuvent aussi porter – et même survivre à – la charge contraceptive. Quand Tristan revient sur le congé parental de cinq mois qu’il a pris lorsqu’il vivait en Norvège – bon, sa femme ne lui a pas vraiment laissé le choix –, il milite aussi pour l’extension du congé paternité en France (coucou, Messieurs!). Ce qui lui a valu pas mal de réactions hostiles, y compris de la part de femmes qui brandissent leur allaitement, leur accouchement, ou “le lien privilégié” mère-enfant pour s’opposer à l’allongement du congé paternité. “Je le dis en toute transparence : les femmes doivent évoluer sur cette question aussi”, lâche Tristan dans Boys boys boys. Une série qui parlera aussi aux girls, girls, girls.

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