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Jérémy Gillet et Pablo Cobo (©Canal+)

Avec sa série "Des gens bien ordi­naires", Ovidie offre une plon­gée sur­pre­nante dans le monde du porno

Ovidie inverse les rapports hommes-femmes dans sa série Des gens bien ordinaires (Canal+), mettant en scène une image réaliste et bien loin des clichés du monde du porno à la fin des années 90. Un objet à la fois informatif et divertissant porté par un casting impeccable.

« Faire du porno, c’est la pire des transgressions. » Romain, 18 ans, boucles blondes et visage d'ange, raconte face caméra pourquoi il a commencé à tourner dans des films X, sous le nom de Buck Love, « pour choquer la société ». Il est rigolo, attachant et bat tout de suite en brèche les stéréotypes ou les a priori que l'on pourrait encore avoir sur cette industrie. Imaginé par la réalisatrice Ovidie, ce personnage évolue dans la série Des gens bien ordinaires, qu'elle a écrite et réalisée pour Canal +.

Déclinaison de son court-métrage Un jour bien ordinaire, la série permet de se plonger en huit épisodes dans le monde du porno de la fin des années 90, peu avant sa chute face à la montée d'internet. Avec un twist, déjà vu au cinéma et à la télévision, mais qui a ici tout son intérêt : le matriarcat remplace le patriarcat. Ce sont donc les hommes qui mettent leur carrière professionnelle entre parenthèses pour s'occuper des enfants, eux qui sont dévisagés dans les transports et traités de « minet » par les femmes, et elles qui ont le pouvoir et les postes à responsabilité. Cette inversion, qui donne un ton légèrement étrange à la série, permet de mieux souligner les violences verbales et physiques que subissent les femmes, dans la vie quotidienne comme dans le milieu du X. Ainsi que les différences de traitements sur un plateau de tournage, le milieu du cinéma étant critiqué depuis plusieurs années maintenant pour son manque de productrices, de réalisatrices et d'actrices de tous âges.

« Un point de vue situé »

Nourrie par des éléments biographiques de la vie d'Ovidie, elle-même ancienne actrice dans des films X, cette série est aussi en partie fictive. Elle est, selon ses mots tirés du communiqué de presse de la chaîne, « un point de vue situé ». Un point de vue qui montre la réalité d'une profession qui semble presque ordinaire, peuplée de personnages bien ordinaires. De la directrice de production maternante et humaine (Andréa Bescond) à la réalisatrice qui essaie de tourner un film avec peu de moyens et un scénario famélique (Romane Bohringer), en passant par le vieux routard du porno qui prend sous son aile le petit nouveau (Arthur Dupont). Bien loin donc de l'image fantasmée que l'on a habituellement de ce milieu. La série n'élude pas pour autant les violences subies par les acteurs et actrices, aux mains de réalisateur·trices peu scrupuleux·ses et de comédien·nes dangereux·ses et sans aucun filtre.

Menée par un casting impeccable, de la révélation Jérémy Gillet (déjà vu dans la série Mytho sur Arte) qui campe le jeune acteur androgyne Romain, à la toujours hilarante Sophie-Marie Larrouy, excellente dans son rôle d'Andrée, une comédienne X grossière et attachante, Des gens bien ordinaires est une série réussie, à la fois informative et divertissante.

Des gens bien ordinaires épisodes 1 à 8, disponibles le 6 juin sur CANAL+.

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