Mental, sai­son 2 : tous zin­zins de ces ados

Le terme de « dra­mé­die », qui mixe les notions de « drame » et de « comé­die », semble avoir été inven­té pour elle. Mental, série fran­çaise adap­tée libre­ment de la ver­sion fin­lan­daise Sekasin, maî­trise par­fai­te­ment ce registre hybride (et sub­til). Elle l’a prou­vé tout au long de sa sai­son 1, qui reçut un accueil cha­leu­reux fin 2019. Elle le prouve à nou­veau dans cette sai­son 2, inédite et très attachante.

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Son sujet est certes sérieux : elle traite tou­jours de la souf­france psy­chique (et de la dif­fi­cul­té d’exister) à tra­vers une poi­gnée d’adolescent·es interné·es dans une cli­nique pédo­psychiatrique. Mais son écri­ture reste enle­vée, injec­tant plus que jamais humour et fan­tai­sie dans ce cadre pour­tant hyper­sen­sible. En somme, Marine Maugrain-​Legagneur et Victor Lockwood, créateur·rices du show, per­sistent dans l’idée de dézin­guer les cli­chés asso­ciés à la folie, et c’est tant mieux !
On retrouve donc avec plai­sir l’exubérant Simon, désor­mais en hos­pi­ta­li­sa­tion de jour, l’ombrageux Marvin, qui semble accep­ter de se soi­gner, ou la frêle Estelle, qui tente de tra­vailler en dépit de ses troubles schi­zoïdes. Ni tout à fait les mêmes, ni tout à fait différent·es : leur équi­libre demeure fragile.

Et puis l’on découvre Max, hos­pi­ta­li­sée pour troubles ali­men­taires. Cette nou­velle venue, inter­pré­tée par la for­mi­dable Déborah Lukumuena (décou­verte dans Divines, en 2016), donne une vigueur sans pareille au récit. Max n’est pas seule­ment bou­li­mique, elle est aus­si femme, noire et grosse. Et, de cela, elle parle beau­coup, avec une pers­pec­tive fémi­niste assez réjouis­sante. D’autres souf­frances et d’autres dis­cri­mi­na­tions sont ain­si abor­dées à tra­vers elle. Son inso­lence insuffle une belle éner­gie à l’ensemble. De l’art de la « dra­mé­die », en effet ! 

Mental, sai­son 2, de Marine Maugrain-​Legagneur et Victor Lockwood. Série de 10 épi­sodes de 26 min. À par­tir du 2 avril sur France.tv Slash.