Créée et portée par cinq humoristes dans le vent, dont Panayotis Pascot, cette nouvelle minisérie française explore, entre deux vannes, les fragilités de l’“homme moderne”. Une façon très réussie de chahuter nombre de stéréotypes, injonctions et tabous…
Plus on est de fous, plus on rit… et plus on déconstruit. Derrière son titre suintant la testostérone à plein nez (Enterrement de vie de garçon) se niche en effet une comédie inattendue sur le masculin lorsqu’il fend l’armure. Portée par une joyeuse bande de stand-uppeurs, cette minisérie inédite se révèle même délectable, plongeant comme rarement dans l’intimité de l’“homme moderne” pour mieux explorer, entre deux vannes bienveillantes, ses émotions et ses fragilités. Une façon futée – et courageuse – de chahuter nombre d’injonctions, notamment celle de ne pas pleurer pour “être un homme, un vrai”.
L’intrigue favorise cette vulnérabilité : l’on y suit cinq potes, dont l’âge oscille entre 25 et 40 ans, la veille de l’enterrement du frère de l’un d’entre eux. Autant dire que l’expression “enterrement de vie de garçon” est à prendre au premier degré ! Ce qui n’empêche ni les clins d’œil (le premier épisode démarre dans une boîte de strip-tease), ni les punchlines, ni la finesse du trait lors de cette nuit compliquée. Grâce en soit rendue, d’abord, à la qualité de l’écriture. Unité de temps, unité de lieu pour chaque épisode : ce huis clos combine à merveille moments légers, bouffées poétiques et séquences plus graves (on y parle de deuil, d’amour ou d’amitié, mais aussi de santé mentale). Bien aidé, il est vrai, par une mise en scène rythmée qui favorise justement ces ruptures de ton.
Reste que le grand atout de ce singulier voyage au bout de la nuit, ce sont ses comédiens et auteurs, à savoir Panayotis Pascot (En place, Drôle) et l’humoriste québécois Adib Alkhalidey (les deux compères étant également coréalisateurs de la série), mais encore Fary Lopes B, Jason Brokerss et Guillermo Guiz (à noter qu’une scénariste, Béatrice Fournera, a gentiment épaulé ces cinq garçons dans le vent). Leur force, c’est à la fois leur humour, leur agilité verbale, leur diversité (qui leur permet de railler sans complexes toutes les formes de racisme), leur complicité et… leur sensibilité. Désarmés donc désarmants, il semble bien qu’ils se soient mis à nu comme jamais dans cette fiction.
![“Enterrement de vie de garçon” : 5 stand-uppeurs déconstruisent la masculinité avec humour 2 ENTERREMENTDEVIEDEGARCONsaison1](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2024/02/ENTERREMENTDEVIEDEGARCONsaison1-768x1024.jpg)
Enterrement de vie de garçon, d’Adib Alkhalidey et Panayotis Pascot. Série de 4 épisodes de 26 minutes. Sur Canal+ les mercredis 14 et 21 février à 23 h 45, à raison de deux épisodes par soirée, et disponible en intégralité sur MyCanal dès le premier jour.