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Miss Nina Simone, avec Jina Djemba. © S. La Famille

Nous irons tous à Avignon

Ce que Causette vous recom­mande pour vous y retrou­ver dans la masse tou­jours plus foi­son­nante de spec­tacles pro­po­sés dans le Off. Bon festival ! 

L’incontournable, cette année, c’est Anguille sous roche, au théâtre La Parenthèse, d’après le livre d’Ali Zamir. Dans ce seul-​en-​scène, Déborah Lukumuena (lire page 98) livre une per­for­mance épous­tou­flante. Elle incarne une Comorienne de 17 ans, reniée par son père. Sa faute ? Être tom­bée amou­reuse d’un gar­çon. Perdue au beau milieu de l’océan Indien sur son radeau de la méduse, elle tente, contre vents et marées, de rejoindre Mayotte, qu’elle n’atteindra jamais. Avant de se noyer, elle remonte le fil de sa vie. Poignant. 

L’autre décou­verte à faire, c’est le sym­pa­thique Yourte, au théâtre des Lucioles, le nou­veau spec­tacle de la com­pa­gnie Les mille Printemps, dont on avait appré­cié la pre­mière créa­tion 100 % fémi­niste : Mon Olympe. Une pièce éner­gique sur un groupe de jeunes qui tentent de trou­ver des issues pour échap­per au monde désas­treux dont ils ont héri­té. À com­men­cer par quit­ter la ville pour vivre en col­lec­ti­vi­té et en auto­no­mie. Aussi drôle que profond. 

Dans le même ordre d’idée, on peut aller rigo­ler tout en remuant ses méninges avec Comment épou­ser un mil­liar­daire ? au théâtre du Rempart. Créé en 2008 par la brillante Audrey Vernon, qui a lâché la rampe après cinq cents repré­sen­ta­tions et pas­sé le flam­beau à la comé­dienne Giorgia Sinicorni, ce spec­tacle est une mer­veille d’humour cynique qui décrypte le monde des ultras-​riches pour mieux les flinguer !

Petit détour éga­le­ment par le théâtre Gilgamesh, qui pro­gramme, et c’est une excel­lente ini­tia­tive, Qui va gar­der les enfants ?, dont Causette vous par­lait déjà dans son numé­ro d’avril. Pour écrire cette pièce docu­men­taire, le comé­dien et auteur Nicolas Bonneau a sui­vi, pen­dant deux ans, des femmes poli­tiques sur le ter­rain et leur a don­né corps. On y croise Clémentine Autain, Delphine Batho, Nathalie Kosciusko-​Morizet ou Yvette Roudy. 

Après La Banane amé­ri­caine, sur son enfance, et Pour que tu m’aimes encore, sur sa jeune ado­les­cence, Élise Noiraud revient sur scène, au théâtre Transversal, avec le troi­sième volet de son trip­tyque auto­bio­gra­phique Le Champ des pos­sibles, dans lequel elle s’attelle, cette fois, au pas­sage à l’âge adulte. Celui où l’on quitte sa pro­vince et ses parents pour « mon­ter à la capi­tale ». Avec ce que cela sus­cite de tiraille­ments et de culpa­bi­li­té, de for­mi­dables ren­contres et de décou­vertes, aus­si. Remarquable comé­dienne, Élise joue tous les per­son­nages de sa vie, tel un Caubère au fémi­nin. À com­men­cer par sa mère. Et sou­dain, cette mère, c’est aus­si la nôtre. 

Pour finir en beau­té et en musique, direc­tion le théâtre Barretta pour Miss Nina Simone. La comé­dienne Jina Djemba prête son corps, son âme et sa voix à la chan­teuse mythique. Comme le roman de Gilles Leroy qui sert de sup­port à cette jolie créa­tion, ça démarre par la fin : la déchéance alcoo­lique et bipo­laire de cette femme d’exception. Pour mieux dérou­ler le fil de sa vie. À com­men­cer par la meur­tris­sure ori­gi­nelle : celle d’avoir été empê­chée de deve­nir une grande pia­niste clas­sique à cause de la cou­leur de sa peau. On ne se lasse jamais de lire, voir, écou­ter et réécou­ter l’histoire de Miss Nina Simone. 

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