La cinéaste française Anaïs Volpé tend le micro, dans le podcast À mes amisœurs, à ses ami·es, proches et plus distant·es, qu'elle a rencontré·es de sa plus tendre enfance à sa vie d'adulte. Elle y ausculte avec humour et finesse toutes les facettes de l'amitié.
Le 21 septembre 2001, à 10h17, l'usine pétrochimique AZF explose à Toulouse. À quelques kilomètres de là se trouvent Anaïs, Laura, Léa et Clémence, en quatrième, dans l'un des collèges les plus proches du site. Après la peur et la sidération, un sentiment fort d'amitié et de sororité naît entre les adolescentes. Elles deviennent alors des « amisœurs ». Un mot-valise qui émerge après cette éprouvante journée dans la tête d'Anaïs Volpé, aujourd'hui réalisatrice et dont le formidable Entre les vagues est actuellement en salles. « Ces filles-là étaient devenues bien plus. Après avoir traversé une telle journée, un tel traumatisme, c'était fini. On ne pouvait plus jamais se considérer comme de simples amies, c'était un terme banal », explique-t-elle dans le premier épisode de sa série À mes amisœurs, hors-série du podcast Le Cœur sur la table de la journaliste Victoire Tuaillon, produit par Binge Audio.
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Après un cauchemar où elle rêve qu'elle reçoit l'aide de ses ami·es, la Toulousaine, du haut de ses 33 ans, décide donc de remonter le fil de ses amitiés, de ces personnes qu'elle a rencontrées dans « de grands moments » et avec qui elle a fait « un pacte invisible et solide, pour un bout de vie ou pour une vie entière ». « Je suis heureuse dans ma famille, en amour, dans mon travail, mais j'aime avoir mes amies en plus. C'est un plus très important, vital. Une vie sans amitié, ça ressemblerait à un job alimentaire à vie, sans pause déj', supplément heures supp' pas payées. Je place l'amitié au centre », rigole-t-elle, toujours dans ce même prologue.
Théories, témoignages et flashbacks
En six épisodes, Anaïs Volpé s'interroge, avec humour et profondeur, sur où elle en serait aujourd'hui sans ses ami·es, sur ce que chacun et chacune d'entre eux·elles lui ont apporté, ou sur l'intensité d'une relation selon les époques. On fait alors connaissance avec ses copines du collège, celles et ceux qu'elle rencontre ensuite à Paris, où elle débarque à 18 ans pour devenir actrice, ou encore les plus « ponctuel·les », qui comptent énormément à un moment T de sa vie, puis qui disparaissent quelque peu, en laissant une trace énorme. Elle les surnomme « Mina », du nom de celle qu'elle avait rencontrée lors d'un job alimentaire dans la Capitale. Dans le dernier épisode, qui n'a pas encore été mis en ligne, elle aborde également la douloureuse mort d'une amie très chère.
Le podcast est un patchwork très réussi de ses théories sur l'amitié, des témoignages de ses proches et des flashbacks des moments vécus ensemble. À travers eux, la réalisatrice d'Entre les vagues capte avec tendresse cette époque de la fin des années 90 et du début des années 2000, que l'on regarde tous·tes un peu avec nostalgie. Mention spéciale, par ailleurs, aux interventions souvent très drôles de son mec, Alexandre, interrogé lui aussi sur l'amitié et pour qui ses potes ne sont pas autant au centre de sa vie. Avec À mes amisœurs dans les oreilles, on ne peut que sourire en repensant nous-même à nos ami·es d'enfance, à ces moments charnières et un peu fous entre l'adolescence et la vie d'adulte, où tout semble presque possible. Et au retour brutal à la réalité, adouci par la présence de nos copains et copines.
Les deux derniers épisodes d'À mes amisœurs sont à retrouver les jeudi 31 mars et 7 avril sur les plateformes de streaming.
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