La saga des filles du docteur March a façonné le féminisme, mais la vie de son autrice était quant à elle restée dans l’ombre, jusqu'à la sortie le 3 juin, d'un recueil de correspondances inédites.
L’histoire des femmes et de la littérature est décidément remplie d’énigmes… En voilà une : qui était Louisa May Alcott, autrice américaine quasi oubliée des Quatre Filles du docteur March, l’un des romans féministes les plus célèbres au monde – cité par Simone de Beauvoir, Elena Ferrante et Patti Smith comme « leur » livre ? La réponse est dans ce recueil de correspondances inédites : Nos têtes audacieuses. On y suit les moments cruciaux de sa vie, depuis son arrivée dans une communauté libertaire cofondée par ses parents jusqu’à ses dernières années. Entre les deux, Louisa relève le double défi qu’elle s’est lancé. D’abord, subvenir aux besoins de sa famille en écrivant des histoires – ses lettres de négociations avec ses éditeurs sont un mélange saisissant de douceur, de fermeté et d’humour. Deuxième enjeu : « Aider les femmes à s’aider entre elles, car c’est la meilleure façon de résoudre la question féminine. »
Dans les lettres à ses sœurs et consœurs, elle évoque ses combats, ses révoltes. Elle répond aux réclamations de lectrices en les prévenant que (déso…) Jo (son avatar fictif ) n’épousera personne et restera une vieille fille comblée. Un livre qui prouve de nouveau que la sororité a de l’avenir… à condition que l’on n’écrase pas son passé !
Nos têtes audacieuses. Lettres de la créatrice des sœurs March, de Louisa May Alcott. Lettres choisies et présentées par Elena Vozzi, traduction Silvia Guzzi. Éd. L’Orma, 64 pages, 7,95 euros.