Dans une période marquée par l’inflation et les difficultés accrues des Français·es pour se nourrir, la journaliste Nora Bouazzouni s’interroge dans son essai Mangez les riches sur les dérives et les limites de notre système alimentaire. Interview.
Illusion d’abondance, surproduction qui ne profite qu’à certain·es, inégalités de plus en plus creusées et visibles… Dans un essai au titre incisif, Mangez les riches (Nouriturfu), Nora Bouazzouni, journaliste spécialisée sur les questions liées à l’alimentation et au genre, passe la nourriture au crible du prisme social. Dans une période marquée par l’inflation et les difficultés accrues des Français·es pour se nourrir, elle s’interroge sur les dérives et les limites de notre système alimentaire, ainsi que sur les solutions qui pourraient être mises en place. Le temps presse, estime-t-elle auprès de Causette.
Causette : Après avoir analysé nos rapports à la nourriture sous le prisme du genre, vous vous tournez désormais vers le prisme social. Pourquoi ?
Nora Bouazzouni : J’ai eu l’impression d’avoir, entre guillemets, fait le tour de la perspective genrée pour analyser nos habitudes alimentaires, notre rapport à la nourriture et le système alimentaire. Je crois qu’il y a aujourd’hui un rapport avec l’urgence : l’urgence climatique, l’urgence sanitaire, l’urgence sociale. Voir qu’il y a autant de gens qui ne se nourrissent pas suffisamment et correctement dans le monde entier, alors qu’on produit de quoi nourrir le monde entier, m’a motivée pour écrire cet essai. L’idée principale que je défends est qu’il ne s’agit pas d’une[…]