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"Emma", de Jane Austen : un finan­ce­ment par­ti­ci­pa­tif pro­pose une nou­velle tra­duc­tion par Clémentine Beauvais

Ce n'est pas le roman le plus connu de Jane Austen mais, d'après certain·es spé­cia­listes, le plus abou­ti. Emma fait l'objet d'une nou­velle tra­duc­tion inté­grale par Clémentine Beauvais, pre­mière pierre d'un pro­jet plus glo­bal visant à agi­ter « l'Austen Power ».

D'après une étude publiée par un uni­ver­si­taire de Cambridge, l'autrice bri­tan­nique Jane Austen béné­fi­cie ces der­nières années d'une telle hype auprès de la jeune géné­ra­tion qu'elle serait aujourd'hui l'écrivaine la plus célèbre après… Shakespeare, relaie France Inter. Le phé­no­mène Austen – et celui de ses héroïnes proto-​féministes – se mesure au nombre de conte­nus qu'elle engendre sur les réseaux sociaux, comme sur TikTok, où le mot clef #JaneAusten réunit près de 650 000 vidéos. 

Rien de plus natu­rel donc, pour la jour­na­liste Phalène de La Valette et l'autrice Clémentine Beauvais, d'apporter leur pierre à l'édifice de l'Austen mania en se pro­po­sant d'offrir une tra­duc­tion inté­grale dépous­sié­rée à Emma, l'un des romans les plus mécon­nus de l'autrice bri­tan­nique du XVIIIème siècle. L'histoire ? Emma, issue de la bour­geoi­sie pro­vin­ciale de l'Angleterre de la Régence, se dédie à aider des jeunes femmes céli­ba­taires de son entou­rage en leur cher­chant le conjoint idéal… Le roman a d'ailleurs fait l'objet d'une adap­ta­tion plé­bis­ci­tée lors de sa sor­tie sur Netflix l'été dernier.

En lan­çant une réédi­tion de cette œuvre parue en 1816 – un an avant le décès pré­ma­tu­ré de Jane Austen – les deux com­parses sou­haitent « lui rendre hom­mage ET jus­tice », expliquent-​elles sur la page de finan­ce­ment par­ti­ci­pa­tif du pro­jet héber­gé chez KissKiss BankBank. Si la pers­pec­tive de rece­voir en contre­par­tie de son sou­tien cette nou­velle édi­tion ravit, quel besoin y a‑t-​il de « rendre jus­tice » à une autrice en vogue en France éga­le­ment ? « C'est un constat par­ta­gé par beau­coup, en par­ti­cu­lier ceux qui ont la chance de pou­voir la lire en VO : la plu­part des tra­duc­tions fran­çaises de Jane Austen ne sont pas à la hau­teur de son talent », éclair­cissent les deux jeunes femmes. 

Rendre grâce à l'humour austinien

Dans le détail, les dif­fé­rentes tra­duc­tions fran­çaises de l'œuvre de la Britannique oscil­lent entre deux écueils. Soit elles insistent « sur une lec­ture "roman­tique" et s'attachent à décrire un uni­vers fémi­nin étroit, rem­pli de pré­oc­cu­pa­tions maté­rielles », soit elles « se sentent obli­gées de l'inscrire dans une tra­duc­tion de réa­lisme, de mora­lisme sérieux, afin de la rap­pro­cher des exi­gences "mas­cu­line" du canon lit­té­raire fran­çais ». Dans les deux cas, elles font l'impasse sur « l'humour » et la « légè­re­té » de la signa­ture Austen.

Pour Causette, Clémentine Beauvais – qui s'est faite connaître avec Les Petites reines ou encore Brexit romance – raconte dans la vidéo ci-​dessous son tra­vail de tra­duc­tion au plus près de l'impertinence et de la moder­ni­té de Jane Austen.

Le pro­jet de réédi­tion, mené avec la mai­son d'édition indé­pen­dante Baribal, com­porte éga­le­ment la publi­ca­tion d'Austen Power, un mani­feste lit­té­raire dans lequel plu­sieurs invité·es de marque (l'autrice Geneviève Brisac, les professeur·es de lit­té­ra­ture Mathilde Brézet, Marc Porée, Frédéric Ogée…) exposent « fac­tuel­le­ment l’importance, à tous points de vue, de la roman­cière bri­tan­nique ». Le pro­gramme est allé­chant : « Pourquoi cer­tains ont long­temps cru pou­voir la dédai­gner (cou­cou Nabokov), com­ment Miss Austen a pu deve­nir une icône de la pop culture, ce que la lit­té­ra­ture lui doit, les sens cachés à décryp­ter, le mythe Mr Darcy… »

Si la cam­pagne de finan­ce­ment par­ti­ci­pa­tif, ouverte pen­dant encore seize jours, est cou­ron­née de suc­cès et per­met la publi­ca­tion de la nou­velle Emma et d'Austen Power, Phalène de La Valette et Baribal ne s'arrêteront pas là. Dans le sillage de cette pre­mière aven­ture, elles espèrent pou­voir publier toute une série de libres « à l'esprit aus­ti­nien » dans une col­lec­tion nom­mée JANE. De quoi entre­te­nir la flamme pour les héroïnes qui ne s'en laissent pas compter.

Lire aus­si l Pourquoi « Les Quatre filles du Docteur March » est une très mau­vaise tra­duc­tion du titre du livre de Louisa May Alcott

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