Cinq choses qu’on apprend en lisant « One Life », l’autobiographie de la star du foot­ball, Megan Rapinoe

Parue le 10 novembre aux États-​Unis et le 12 dans le reste du monde, c’est l’autobiographie de celle qui, par sa car­rière (encore en cours) et par son mili­tan­tisme fémi­niste, est deve­nue la plus grande star mon­diale d’une dis­ci­pline spor­tive qui, jusqu’à elle, était peu connue dans son propre pays : le foot­ball féminin.

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One life, de Megan Rapinoe,
écrit avec Emma Brockes,
trad. M. Capelle et H. Cohen,
Éd Stock, 288 p, 20.50 euros

  • Elle a voté George W. Bush en 2004 ! Cet aveu, d’une femme qui s’est enga­gée avec Joe Biden dès le prin­temps 2020, en bouche un coin. On apprend dans le livre que Megan Rapinoe, née le 5 juillet 1985 à Redding (Californie), est issue d’une famille plu­tôt répu­bli­caine. Son vote d’alors, à 19 ans, elle l’explique ain­si : « Parce que tous les gens que je connais­sais votaient ain­si, et en toute sin­cé­ri­té je trou­vais que voter à cet âge méri­tait en soi des louanges ». Ses parents sont des Républicains, « des gens conven­tion­nels, mais ils n’ont jamais été étroits d’esprit ». Sa mère et sa sœur jumelle sont chré­tiennes pra­ti­quantes, et le père a voté Trump en 2016 (vous lirez à ce sujet un pas­sage savoureux).
  • Issue d’une famille nom­breuse (un frère, deux sœurs, dont une jumelle) et « pro­fon­dé­ment atta­chée à la morale », la joueuse eut bien des dif­fi­cul­tés à faire admettre son homo­sexua­li­té à sa mère. Pourtant, sa grande sœur Jenny est bisexuelle, et rame­nait déjà des petites amies à la mai­son. C’est lors de la pre­mière année d’études, à Portland en 2004, que Megan se sur­prit à avoir le béguin pour une coéqui­pière de son équipe de fac. « Deux choses me sont venues à l’esprit. Premièrement : Sans blague, évi­dem­ment que je suis gay, putain, pour­quoi per­sonne ne m’a rien dit ? Et deuxiè­me­ment : C’est génial », écrit-​elle.
  • Elle a une his­toire avec la France. Une dent contre, aus­si : « Je crois que les Français n’ont jamais vrai­ment su quoi faire de moi », « Pour moi, la France c’était le socia­lisme ou, du moins, la social-​démocratie, une manière de gou­ver­ner plus à gauche qu’aux États-​Unis. […] Cette pre­mière attente a volé en éclats dès mon arri­vée ». Championne olym­pique (en 2012) mais pas encore double cham­pionne du monde, Rapinoe était une des meilleures joueuses amé­ri­caines quand elle effec­tue une pige à l’Olympique Lyonnais, en 2013. Le club com­mence à deve­nir ce qu’il est aujourd’hui : le meilleur club du monde de foot fémi­nin. Bad expe­rience : des coéqui­pières « tristes », « réser­vées », « peu sociables », une période « soli­taire et démo­ra­li­sante ». La seconde expé­rience hexa­go­nale, en 2019, sera net­te­ment meilleure : alors que la France accueille la Coupe du monde, Rapinoe, co-​capitaine de l’équipe des USA, gagne son deuxième titre mon­dial (après 2015). La France témoigne alors toute son admi­ra­tion à la cham­pionne, deve­nue une mili­tante enga­gée, recon­nue, appré­ciée, et meneuse.
  • Ironie du sort : elle quitte Lyon au moment où la France adopte la loi sur le mariage pour tous. Or, Megan Rapinoe en fut très tôt une reven­di­ca­trice, aux USA. Elle a été la pre­mière grande joueuse à faire son coming-​out : c’était dans une inter­view au maga­zine amé­ri­cain Out. Elle raconte la réflexion qui l’a menée à cette déci­sion : une « rage poli­tique ». Et la volon­té que les per­son­na­li­tés publiques s’engagent plus. D’autant que, pour la pre­mière fois, un pré­sident (Obama, fraî­che­ment réélu) y était favo­rable. Avec son enga­ge­ment aux côtés du mou­ve­ment Black Lives Matter, celui pour le mariage entre per­sonnes de même sexe est un thème majeur de One Life.
  • Si l’ouvrage insiste beau­coup sur la notion de choix à effec­tuer, il montre aus­si que dans la sphère du sport pro­fes­sion­nel, les tabous sont encore des pla­fonds de verre. Celui, notam­ment, qui demeure la constante de son enga­ge­ment : l’égalité sala­riale. Si le livre traite de la car­rière spor­tive et de l’évolution poli­tique de la joueuse, le fil conduc­teur, lui, est l’égalité sala­riale hommes-​femmes, dont elle est la fer­railleuse inces­sante. Bien aidée par de nom­breuses joueuses de l’équipe natio­nale amé­ri­caine, qui compte désor­mais quelques enga­gées dans les luttes inter­sec­tion­nelles. Fin 2015, fortes de leurs titres mon­diaux et olym­piques, consta­tant que leurs demandes n’aboutissaient tou­jours pas, et que la sélec­tion amé­ri­caine fémi­nine rap­por­tait 16 mil­lions de dol­lars de plus que pré­vu quand la sélec­tion mas­cu­line était lar­ge­ment défi­ci­taire, elles ont dépo­sé une plainte contre leur Fédération. Si l’action en jus­tice a encore été reje­tée en mai 2020, Megan Rapinoe ne perd pas espoir. Ce livre est aus­si ce combat.
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