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© Editions Virages Graphiques - Editions L'Agrume - Editions Gallimard -Editions Glénat.

Des bulles ! : on lit quoi comme BD ?

Que lire dans la longue liste des BD qui sortent en ce moment ? Causette vous a concocté une petite sélection au poil !

"Il m'a volé ma vie"

Il m’a volé ma vie adapte en BD le témoignage de Morgane Seliman, publié sous le même titre en 2015 aux éditions XO. Le scénariste Laurent-Frédéric Bollée a conservé l’écriture à la première personne pour restituer ce récit vertigineux d’une femme victime de violences conjugales pendant quatre ans. Les premiers signes perçus a posteriori, les menaces (cette main qui s’arrête en suspension, à quelques centimètres du visage, et qui la hantera longtemps), puis les coups, répétés. Si le dessin de Dibattista est très épuré, sa bichromie bleu et blanc fait ressentir au plus profond ces années sous emprise, comme un long hiver qui ne prendrait jamais fin.

Il ma vole ma vie Couverture

Il m’a volé ma vie, de Laurent-Frédéric Bollée et Francesco Dibattista, d’après le témoignage de Morgane Seliman. Glénat, 128 pages, 22,50 euros.

"Shiki"


«C’était comment le Japon?» Avec Shiki, Rosalie Stroesser apporte une réponse tout en finesse à cette question tant de fois posée au retour de son immersion d’un an dans le pays des cerisiers en fleur. Partagée entre fascination et répulsion, envoûtée par sa culture et meurtrie par sa violence patriarcale, elle exprime ces sentiments contradictoires dans ce remarquable premier album qui court de l’automne à l’été. De l’estampe au manga, son style graphique foisonnant reflète la palette d’émotions qui compose ce regard nuancé sur un pays parfois réduit à des fantasmes.

Couv Shiki copie

Shiki, de Rosalie Stroesser. Virages graphiques, 320 pages, 24 euros.

"L'illusion magnifique"

Le premier tome de L’Illusion magnifique nous plonge dans le New York des années 1930, quand l’encre des journaux faisait jaillir toute une flopée de super-héros. Au cœur de cet âge d’or des comics, surtout porté par des auteurs masculins, le bédéaste italien Alessandro Tota imagine le personnage terriblement romanesque de Roberta Miller, une jeune femme débarquée de son Kansas natal, sympathisante communiste et scénariste de BD presque par hasard. Cette ascension pleine d’embûches prend vie au croisement d’influences européennes comme américaines, avec des couleurs tramées qui rappellent les vieux albums de l’époque.

Illusion Magnifique C1 DEF 2023 08 29

L'illusion magnifique, d'Alessandro Tota, Gallimard BD, 248 pages, 29,90 euros.

"Les imbuvables"

Lorsque Julia Wertz poste à 21 ans son journal intime dessiné sur Internet, elle n’imagine pas finir publiée et reconnue comme un talent de la BD indé américaine. Le nom potache du site, La Fête du prout – devenu celui des premiers albums – partait d’ailleurs d’une blague entre potes : l’idée d’une soirée où les ballons seraient gonflés avec des pets, habile stratagème qui permet de se débarrasser des invité·es d’un simple coup d’aiguille. Vingt ans plus tard, Julia a mûri mais ne se prend toujours pas au sérieux et continue de «partir en Wertz», comme s’en amusent ses ami·es. Mais qu’on ne s’y trompe pas : son humour foutraque est teinté d’une mélancolie désabusée, ses albums revenant régulièrement sur son alcoolisme, auquel elle se confronte plus directement dans sa nouvelle BD, Les Imbuvables. Lire Julia Wertz, c’est aussi déambuler dans New York, dont elle dresse un portrait décalé, de ses visites d’apparts rocambolesques (dans Whiskey & New York) aux histoires cachées de la ville (Les Entrailles de New York). Avec son trait cartoonesque pour les personnages et très précis pour les décors urbains, elle partage aux lecteur·rices ses explorations de ruines délabrées (si possible dangereuses) comme ses rencontres improbables, telle cette hilarante séance de breakdance dans la salle d’attente d’un psy.

9782490975839 COVER

Les Imbuvables. Ou comment j’ai arrêté de boire, de Julia Wertz, traduit de l’anglais (États-Unis) par Aude Pasquier. L’Agrume, 320 pages, 26 euros.

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