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Angoulême 2022 : trois femmes en lice pour le Grand Prix

Ce soir sera décer­né le Grand Prix du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, pres­ti­gieuse récom­pense dans le monde des phy­lac­tères, à l’une des trois fina­listes sui­vantes : Pénélope Bagieu, Julie Doucet et Catherine Meurisse. Le lau­réat de cette année sera donc for­cé­ment une lau­réate, et c’est suf­fi­sam­ment rare pour être souligné. 

On ne pré­sente plus Pénélope Bagieu, pion­nière des blogs de bande des­si­née avec Ma vie est tout à fait fas­ci­nante, que la série des Culottées a ensuite éle­vé au rang de super­star, lui valant un prix Eisner en 2019. Apothéose confir­mée par le démar­rage en flèche des ventes de son der­nier album, Les Strates, et sa nomi­na­tion au Grand Prix du Festival de la Bande Dessinée d'Angoulême, qui récom­pense l'ensemble de l'oeuvre d'un·e artiste. À ses côtés dans la course, Catherine Meurisse, ancienne de Charlie Hebdo (d'ailleurs pré­sente au moment des atten­tats, elle narre com­ment elle est remon­tée à la sur­face de la vie dans La Légèreté, sor­ti en 2016), autrice pro­lixe maniant avec brio tous les tons et pre­mière des­si­na­trice de BD nom­mée à l’Académie des beaux-arts.

Les deux Françaises étaient déjà en lice pour le Grand Prix de 2021, mais s’étaient vues ravir le prix par Chris Ware. Cette nomi­na­tion est par contre une pre­mière pour la troi­sième laronne Julie Doucet, Québécoise au suc­cès plus confi­den­tiel de ce côté-​ci de l’Atlantique, pour­tant figure mar­quante de la « ligne crade » et de l'autobiographie crue, syn­thé­ti­sées dans son fan­zine auto-​édité Dirty Plotte.

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Depuis 1974, date de créa­tion du prix, seules deux autrices de bande des­si­née ont reçu la sta­tuette du Fauve, la mas­cotte du fes­ti­val, pour l’ensemble de leur tra­vail. Si Claire Bretécher est sou­vent citée, à tort, comme la lau­réate de 1982, elle n’a reçu en réa­li­té qu’un Prix du 10e anni­ver­saire. Restent la dis­tinc­tion de Florence Cestac en 2000 et celle de Rumiko Takahashi en 2019. Statistiquement, les autrices et des­si­na­trices de bande des­si­née repré­sentent donc à peine plus de 4% des récompensé·es par le Grand Prix, quand bien même on estime la part de femmes dans la BD aux alen­tours de 20%. 

Lire aus­si : BD : Catherine Meurisse nous éblouit avec "La Jeune Femme et la Mer"

Peut mieux faire, mais peut faire pire aus­si, comme en a témoi­gné l’édition de 2016. La liste des nominé·es de cette année-​là, com­po­sée sur base des votes de la com­mu­nau­té d’auteur·rices, conte­nait les noms de trente hommes pour aucune femme. Ce que Franck Bondoux, délé­gué géné­ral du fes­ti­val, expli­qua à l’époque comme étant la consé­quence d'un « fait his­to­rique », celle de l'absence de femmes par­mi les grands de la bande-​dessinée, ajou­tant que « le Festival d’Angoulême aime les femmes mais ne peut pas refaire l’histoire. »

En réac­tion, le Collectif des créa­trices de bande des­si­née contre le sexisme, aujourd’hui com­po­sé de plus de 250 autrices et des­si­na­trices (n’en déplaise à l’analyse de M. Bondoux, il sem­ble­rait donc que les femmes bédéastes existent) appe­lait au boy­cott du Grand Prix de 2016. Parmi les signa­taires, on retrou­vait Catherine Meurisse, Julie Doucet et Pénélope Bagieu. Jolie vic­toire que de les voir aujourd’hui figu­rer dans le pre­mier trio exclu­si­ve­ment fémi­nin de finalistes. 

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