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Daphné Patakia (©Pyramides)

Un drôle d’oiseau nom­mé Daphné Patakia

Après nous avoir intrigué·es dans Benedetta, puis enchanté·es dans la série Ovni(s), Daphné Patakia nous sur­prend et nous charme à nou­veau dans Sur la branche, une comé­die « mélan­co­mique » par­ti­cu­liè­re­ment réus­sie. Rencontre avec une jeune actrice venue d’ailleurs, à tout point de vue…

Après La fête est finie sor­ti en 2017, Marie Garel-​Weiss fait son retour avec Sur la branche, une comé­die lou­foque dans laquelle Daphné Patakia nous sur­prend et nous charme à nouveau.

Causette : Mimi, l’héroïne de Sur la branche, est un per­son­nage fan­tasque, très atta­chant, à la fois obses­sion­nel, drôle et tou­chant. Il semble avoir été écrit pour vous… Est-​ce le cas ?

Daphné Patakia : Pas du tout ! J’ai bel et bien pas­sé un cas­ting. Une audi­tion sous la forme d’un long mono­logue écrit par Marie (Garel-​Weiss, la réa­li­sa­trice et autrice du film, ndlr), aus­si drôle qu’intense. Et ça a tout de suite mat­ché entre nous ! Marie m’a alors dit que Mimi, c’était un peu elle… En revanche, ça n’est pas du tout moi. Je suis un peu ennuyeuse dans la vie, tan­dis que Mimi, à sa façon, c’est une super héroïne. Mais j’aime bien son côté obses­sion­nel : elle va au bout des choses, elle est très cou­ra­geuse et elle s’en fout du regard exté­rieur. Elle a rai­son ! J’aimerais bien être comme ça, mais c’est très dur de se décons­truire, on dépend tel­le­ment du regard des autres…

Le film démarre alors que cette super héroïne sort d’un hôpi­tal psy­chia­trique. Elle parle sans com­plexes de sa fra­gi­li­té, de ses troubles, de ses médi­ca­ments, même si elle ne nomme jamais sa maladie…

D.P. : En fait elle est clai­re­ment bipo­laire, mais le film en parle sans que ce soit stig­ma­ti­sant. C’est cela, d’ailleurs, que j’aime beau­coup : elle n’est pas résu­mée à ça. C’est juste une par­tie d’elle, par ailleurs elle est avo­cate, mène une enquête… Oui, c’est ça qui est nou­veau : Mimi est une fille hors normes et ce que veut mon­trer le film, qui mélange astu­cieu­se­ment la comé­die roman­tique et l’intrigue poli­cière, c’est com­ment cette fille hors normes arrive à vivre dans notre socié­té. Je me suis beau­coup docu­men­tée sur sa mala­die vous savez, notam­ment en regar­dant le docu­men­taire de Stephen Fry, La Vie pas si secrète du maniaco-​dépressif. Parce que, au départ, j’avoue que Mimi était un per­son­nage un peu désta­bi­li­sant pour moi. Je ne savais pas trop com­ment m’y prendre. Marie m’a beau­coup aidée aus­si. Et j’ai fini par com­prendre qu’on a tous un peu ça en nous, ces phases « up » et « down », sauf qu’elles sont décu­plées, bien sûr, chez les per­sonnes bipolaires…

Le film est éga­le­ment boos­té par l’amitié que Mimi noue avec Paul, un avo­cat sur la touche inter­pré­té par Benoît Poelvoorde, acteur magni­fique, et pour le moins aty­pique lui aus­si. Comment qualifieriez-​vous cette expé­rience : inti­mi­dante, sti­mu­lante, ébouriffante ?

D.P. : Complètement impré­vi­sible ! Attention, Benoît est très gen­til… Mais c’est un génie. On est donc obli­gé d’avoir les sens aigui­sés quand on joue avec lui. Je dois dire que je l’admirais beau­coup avant de le connaître, notam­ment pour sa force dans l’improvisation. Mais c’était par­fait pour notre tan­dem dans le film, car Mimi est un per­son­nage pas très flexible tan­dis que Paul, qui est à la fois cynique et dépres­sif, c’est tout le contraire, il est en impro tout le temps ! Bref, ça s’est super bien pas­sé entre nous.

Vous êtes Belgo-​grecque mais tour­nez beau­coup en France, où l’on vous pro­pose sou­vent des rôles déca­lés, sinon étranges, aus­si bien au ciné­ma (Benedetta, Les Cinq diables) que dans l’univers de la série (Ovni(s)). Comment l’expliquez-vous ? Pensez-​vous que vos ori­gines « déca­lées » y soient pour quelque chose ?

D.P. : (Rires). Oh, alors vous savez, je connais très peu la culture belge, même si je suis née à Bruxelles. Mes parents par­laient grec à la mai­son, et ils vivent tou­jours en Grèce, ain­si que ma sœur et ma grand-​mère. J’ai d’ailleurs fait mes études au Théâtre natio­nal de Grèce, à Athènes… Donc ce qui est sûr, c’est que le fran­çais n’est pas ma langue mater­nelle. Bon, je vis à Paris désor­mais et mon amou­reux est Français. Mais je réflé­chis encore quand je parle en fran­çais. C’est peut-​être ça qui fait que je suis un peu déca­lée, ou per­çue comme telle. Et c’est peut-​être ça, aus­si, qui me per­met de mieux com­prendre ce genre d’héroïnes !

Sur la branche, un film de Marie Garel-​Weiss, le 26 juillet au cinéma

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