13 COSTA BRAVA LEBANON Copyright Rudy Bou Chebel
"Costa Brava, Lebanon", de Mounia Akl.

Nos trois pépites ciné du 29 juin

Cahiers noirs, Goodnight Soldier, Costa Brava, Lebanon : trois beaux et puis­sants longs-​métrages à retrou­ver ce mer­cre­di dans les salles obscures.

Ronit, pour toujours 

Les actrices de ciné­ma meurent-​elles jamais ? À cette ques­tion un brin écu­lée, Cahiers noirs répond d’une façon déchi­rante. Tout entier dédié à Ronit Elkabetz, comé­dienne et cinéaste israé­lienne décé­dée en 2016 à l’âge de 51 ans, ce docu­men­taire intime – mais jamais impu­dique – ne rend pas seule­ment hom­mage à cette artiste incan­des­cente et totale. Réalisé par Shlomi Elkabetz, son frère, com­plice et pre­mier fan, il témoigne comme rare­ment du pou­voir conso­la­teur du 7e art, à nul autre pareil pour com­bler l’absence…

Construit en deux par­ties (Cahiers noirs I – Viviane, Cahiers noirs II – Ronit), ce beau récit insa­tiable déploie son élan entre Tel-​Aviv, Paris et Los Angeles, mais aus­si entre ins­tants de vie et extraits de films… La meilleure façon de racon­ter l’engagement de cette femme hors normes, grande prê­tresse de l’autofiction ! On y voit donc Ronit tour­ner avec Shlomi leur tri­lo­gie inou­bliable (Prendre femme en 2004, Les 7 Jours en 2008 et Le Procès de Viviane Amsalem en 2014), se marier, don­ner nais­sance à ses jumeaux et tom­ber malade. On y découvre éga­le­ment sa mère, qui a ser­vi de modèle au per­son­nage de Viviane, et son père, qui a tou­jours refu­sé de voir les dits films… Les images s’interpellent, se confondent : inter­views, séances de tra­vail, archives fami­liales, moments de fête, de pause ou de souf­france for­mi­da­ble­ment mon­tés. Et docu­men­tés : Shlomi n’a ces­sé de fil­mer sa sœur les dix der­nières années de sa vie trop courte, tan­dis que Ronit, en per­pé­tuelle repré­sen­ta­tion, n’a ces­sé de jouer le jeu. Comme si l’un et l’autre savaient… que le ciné­ma serait leur meilleur allié. 

Cahiers noirs (I – Viviane, II – Ronit), de Shlomi Elkabetz. En salles.

Blessure intime

Un film kurde, tour­né au Kurdistan ira­kien, ce n’est pas très cou­rant. Mais un film kurde qui parle d’amour en mon­trant des corps nus, puis raconte l’impuissance sexuelle d’un jeune époux à la suite d’une bles­sure de guerre, avant d’interroger la marge de déci­sion de la femme dans une socié­té patriar­cale, c’est car­ré­ment excep­tion­nel ! Va-​t-​elle res­ter ? Va-​t-​il repar­tir sur le front ? Vont-il·elle réus­sir à dépas­ser la crise que tra­verse leur couple (et qui rejaillit sur leurs deux familles) ? Telles sont les ques­tions, auda­cieuses au vu du contexte, qui tra­versent ce film tendre en forme de fable. On l’apprécie d’autant plus que Hiner Saleem, son réa­li­sa­teur franco-​irako-​kurde, achève son récit sur une note d’espoir, déli­vrant un mes­sage on ne peut plus clair : pour lui, l’avenir des Kurdes passe for­cé­ment par la libé­ra­tion des femmes.

Goodnight Soldier, de Hiner Saleem. 

Prendre l'air

Le pre­mier film de la jeune réa­li­sa­trice Mounia Akl a des allures de conte. Peut-​être parce qu’il se situe en Orient dans un futur proche. Sans doute parce qu’il fait la part belle aux per­son­nages fémi­nins. Construisant son récit autour de Soraya et Walid, un couple d’artistes éco­los des plus char­mants qui ont choi­si de s’échapper du désordre et de la pol­lu­tion de Beyrouth en s’installant dans les mon­tagnes, Costa Brava, Lebanon a par­fois la main un peu lourde en termes de méta­phores (leur vie pai­sible va être bru­ta­le­ment remise en cause par l’installation d’une décharge sous leurs fenêtres). On suit avec inté­rêt, néan­moins, l’émancipation des quatre femmes de cette famille (Soraya, ses deux filles et sa belle-​mère), cha­cune appre­nant à conju­guer à la pre­mière per­sonne du sin­gu­lier le verbe « res­pi­rer ». En somme, à deve­nir seule maî­tresse de son destin…

Costa Brava, Lebanon, de Mounia Akl.

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